31 JANVIER

 

1902

Au large d'Ouessant, le trois-mâts français Chanaral (1420 tx) en route sur lest vers Port Talbot, se retourne dans la tempête et disparaît avec 21 membres d'équipage. Il n'y a qu'un seul survivant, le Second qui dans son rapport de mer décrit les circonstances de la perte du navire.

   Je soussigné Le Grand, second capitaine du navire Chanaral, du port de Dunkerque, appartenant à MM. Antoine-Dominique Bordes et Fils, armé de 22 hommes d'équipage, le grand panneau condamné, déclare être parti de la rade de Saint-Nazaire le jeudi 30 janvier dernier, à destination de Port-Talbot. Ayant à bord 700 tonnes de sable comme lest, avec un bardi soigneusement fait au milieu, nous sommes partis de Saint-Nazaire à 4 heures du soir à la remorque et sous la conduite d'un pilote. Il ventait forte brise du Nord-Est et le baromètre était très haut. A 6 heures du soir, après avoir largué le remorqueur et débarqué le pilote en dehors des passes, nous établissions les trois fixes, le grand foc, le petit foc et les voiles d'étai majeures. Pendant la nuit, rien d'anormal, tout étant en ordre à bord et saisi en cas de mauvais temps. A 11 heures du soir, nous étions dans l'Ouest du feu de Belle-Ile. Le lendemain, 31 janvier, à la pointe du jour, le capitaine fait établir la misaine et l'artimon. Toujours forte brise du Nord Est qui tend à hâler l'Est. A 9 h 30 du matin, nous apercevons le phare de l'île de Sein et vers midi, le vent fraîchissant toujours de plus en plus, serti le grand foc, la misaine, les voiles d'étais, le perroquet de fougue et nous restons en cap tribord amures, sous nos deux huniers fixes, le petit foc et l'armiton. Dans la soirée, il vente en tempête et la mer grossit de plus en plus. Le baromètre se maintient toujours très haut. Le navire en cape donnait de violents coups de roulis, mais se comportait très bien et rien ne nous laissait prévoir le dénouement fatal qui nous attendait quelques heures plus tard. Le maître d'équipage se trouvait de quart de 8 heures à minuit lorsque vers 10 heures et demie du soir, le navire se trouvant à environ 70 milles dans le Nord-Ouest de l'île d'Ouessant, il vient nous prévenir, le capitaine et moi, que le navire était engagé et que nous nous trouvions sur trois quilles. Aussitôt le branlebas fut ordonné pour tout le monde et manoeuvrant nous essayâmes de virer de bord lof pour lof. Mais le navire était déjà tout chaviré sur bâbord et ne voulut obéir ni à son gouvernail ni à l'effet produit par les vergues brassées dans le vent. Le navire se couchait de plus en plus et une heure plus tard toute manoeuvre devenait impossible, la mâture étant déjà dans l'eau. On s'occupa alors des embarcations, seul moyen de salut qui nous restait, mais hélas, sur quatre il n'en restait plus qu'une. Lorsque vers 11 h. 30 du soir, le 31 janvier, le navire coula et que je me cramponnais à la baleinière de sauvetage qui s'était dégagée de ses saisines, nous étions six réunis sur la quille de cette embarcation, dont trois matelots, un mousse, le 2eme lieutenant et moi. Enfin après une nuit terrible de lutte et de souffrances, auxquelles mes compagnons n'ont pu résister, je me suis vu sauvé le lendemain. 1 février, à 11 heures du matin, par le vapeur norvégien Victoria, capitaine Andersen, duquel je n'ai qu'à me louer pour les services qu'il m'a rendus pendant que j'étais à son bord. Le vapeur, allant de Valence à Liverpool, a relâché à Falmouth pour charbonner et c'est dans ce port que j'ai été débaqué le 3 février, à 10 heures du matin. Tel est mon rapport véritable et sincère pour servir et valoir ce que de droit.

Fait à Falmouth le 4 février 1902. Signé  LE GRAND       

 1914

Dans la nuit, le quatre-mâts barque allemand Hera (2084 tx) en provenance de Pisagua, Chili, pour Falmouth à ordres avec une cargaison de nitrate, rencontre un gros mauvais temps et est jeté à la côte près de Portscatho, Cornouailles. En réponse à ses signaux de détresse, le canot de sauvetage de Falmouth prend la mer mais passe à proximité du voilier sans le voir et ne l'aurait pas retrouvé si à intervalles réguliers, un marin allemand n'avait pas utilisé son sifflet. Le canot de sauvetage fait alors demi tour et tire des fusées à la lueur desquelles il aperçoit cinq hommes cramponnés au sommet du mât de misaine, le seul qui émerge encore.

Il y avait un équipage de 24 hommes à bord du Hera, mais 16 d'entre eux ont déjà trouvé la mort quand l'une des embarcations de sauvetage s'est retournée. Les huit derniers ont alors grimpé au mât mais malheureusement, trois d'entre eux, épuisés, ont fini par lâcher prise peu avant l'arrivée des secours. Au nombre des victimes figuraient le Capitaine, son Second et le Premier Lieutenant.

 1920

Désemparé dans la tempête lors d'une traversée de Swansea à Lisbonne avec un chargement divers, le vapeur anglais Nero (1257 t.),  fait naufrage sur les récifs des Pierres Noires au large du Conquet. Son équipage à l'exception du Capitaine est sauvé.

 1974

Le chalutier français Ganymède coule dans la tempête à 12 milles du Cap Lizard après avoir été abandonné par son équipage dans lequel 4 marins périssent. 

 La guerre sur mer

1917

Le vapeur norvégien Hekla (524 t.), en route de Porto pour Cardiff avec des poteaux de mine est capturé par le sous-marin U 53, Kplt Hans Rose à l'entrée occidentale de la Manche vers le point 49.11N 06.20W, soit à environ 30 m. SW de Wolf Rock et incendié.

Le vapeur canadien Dundee (2290 t.) se rendant de Londres à Swansea sur lest est torpillé au large de St Ives et coulé par le sous-marin U 55, Kplt Wilhelm Werner, en position 50.22N 05.36W. Un homme est perdu avec le navire. Dans le même secteur, à 12 millesN.NO de Pendeen, la goélette française Saint Léon (230 tx) est également sabordée par le sous-marin. A ces deux destructions il est également possible que puisse être ajoutée celle du voilier français Yvonne (87 tx) qui a disparu avec tout son équipage entre Lannion et Cardiff et qui pouvait se trouver dans ces parages à cette date.

En provenance de Buenos Ayres après arrêt à Falmouth pour ordres, le vapeur néerlandais Epsilon (3211 t.) chargé de maïs reprend la mer à destination d'Amsterdam. C'est alors qu'il heurte une mine mouillée par le sous-marin UC 17, Oblt z.S. Ralph Wenninger et coule en baie de Falmouth à moins d'un mille dans le S du phare de St. Anthony. Son épave est au point 50.07.43N 05.01.18W.

1918

Le vapeur anglais Towneley (2476 t.) est torpillé et coulé par le sous-marin U 46, Kplt Leo Hillebrandt, à 18 milles dans le nord-est de Trevose Head vers le point 50.48N 04.48W. Six hommes dont le Capitaine trouvent la mort dans cette circonstance.

Alors qu’il se trouve au large d’Ouessant, le trois-mâts goélette russe Martin Gust (248 tx) est capturé et sabordé par le sous-marin U 90, Kplt Walter Remy.

Le sloop français Ange Gardien (24 tx) sombre après avoir heurté une mine mouillée par l’UC 48, Oblt z.S. Kurt Ramien à 4 milles au large des Sept Iles.

 Le chalutier armé français Eléphant (286 t.) est torpillé et coulé par le sous-marin UC 79, Oblt z.S. Werner Löwe, au large de Lézardrieux vers le point 48.53N 03.00W. Plus tard dans la journée, au large de Portland, le sous-marin coule au canon le chalutier armé anglais Remindo (258 t.).

1944

Le chalutier armé Pine (530 t.), l’une des nombreuses unités réquisitionnées par la Royal Navy au début de la guerre, participe à l'escorte du convoi CW.243. A 10 milles au SE de Beachy Head, le convoi fait l'objet d'une attaque par 6 vedettes rapides de la 5-SBF allemande qui se montre particulièrement active depuis le début du mois. Plusieurs salves de torpilles sont alors tirées et conduisent à la perte du chalutier Pine ainsi que celle des cargos anglais Caleb Sprague (1814 t.), Capt. Dixon avec 25 hommes et Emerald (736 t.). Ci dessous un chalutier armé de la Tree Class Trawler, identique au chalutier Pine