Terrible
méprise
Mars 1918 |
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HMS D-3 et son équipage
autour de son commandant, le Lt. William Maitland-Dougall.
Crédit photos
RN Submarine
Museum |
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Le
7 Mars
1918, le
sous-marin
anglais D-3, commandé par le tout jeune Act. Lt.
William
Mc Kinstry Maitland-Dougall,
RCN, apapreillait de sa base de Gosport pour une mission
anti sous-marins dans la Manche. Cinq jours plus tard, le dirigeable français
AT-0, piloté par l'Enseigne de Vaisseau de Saint-Rémy décollait du Havre
par temps brumeux et montait à 1600 pieds. Vers 14h20, au large de
Fécamp, un bateau était repéré dans le secteur nord est ; l'équipage du
dirigeable ne pouvant l'identifier, il mettait le cap dessus. A mesure
que se rapprochait le dirigeable, le bateau fut identifié comme étant un
sous-marin en route cap à l'ouest à toute vitesse. Comme il se
rapprochait, l'équipage du dirigeable ne vit aucune marque extérieure
d'identification et comme il passait à sa verticale, le sous-marin tira
des fusées dans sa direction. Le Commandant du dirigeable supposant que
ce tir était destiné à tenter de mettre le feu à son engin ordonna à son
opérateur radio d'ouvrir le feu avec la mitrailleuse, persuadé d'avoir
sous lui un U-Boot. On pouvait voir les balles ricocher sur la coque du
sous-marin qui entreprit aussitôt de plonger. L'équipage du dirigeable
entama alors une procédure de bombardement avec des bombes de type F
pesant chacune 52kg dont 37kg de mélinite, règlées pour exploser à 8
mètres. Les deux premières bombes lancées manquaient à 20 mètres près
leur but. Au cours de la seconde passe, 4 nouvelles bombes étaient
lancées dont deux atteignaient presque certainement le sous-marin. Comme
le dirigeable s'éloignait, le submersible était visible partiellement
immergé, ne laissant dépasser que son kiosque, puis il disparut à
nouveau sous la mer, ne laissant subsister en surface que ce qui fut
pris pour des épaves. Lorsque le dirigeable revint sur la position, il y
avait 3 ou 4 hommes à la mer. L'équipage du ballon incapable de les
secourir parvint alors à intercepter le remorqueur Typhon pour l'envoyer sauver les naufragés
mais lorsque finalement il y parvint, il n'y avait malheureusement plus
personne à sauver, les malheureux étant déjà noyés ou morts de froid.
Il semble que dans cette affaire, l'équipage du dirigeable n'ait fait
usage d'aucun signal d'identification et que les marques
d'identification britanniques n'étaient pas connues des français. On
sait que le D-3 portait une pièce de bois peint du signal correct
d'identification sur le panneau de pont avant. Pour la période du 1 au
15 Mars, il s'agissait d'un cercle blanc sur fond noir. Ce signe avait
été remarqué par l'équipage d'un autre sous-marin qui avait appareillé
en même temps que le D-3. Mais il semble qu'en la matière, la
pratique habituelle consistait à peindre ce signe sur un morceau de
toile, au cas où il faudrait changer de signe durant la patrouille. On
imagine ce que peut devenir pareil signal de reconnaissance après avoir
séjourné de longues heures dans l'eau.
Pour cette dramatique méprise, le Commandant de bord du dirigeable ne
fut pas sanctionné mais malheureusement, le sous-marin D-3
emportait avec lui 3 Officiers et 26 hommes. |
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Dirigeable AT-9, semblable à AT-0
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Photographié depuis
le dirigeable dont on voit l'ombre sur la mer, le D-3 prend la
plongée. |
William
McKinstry Heriot-Maitland-Dougall
Faisant partie de la Pairie
d'Ecosse, la famille Maitland prend ses
origines dans les racines mêmes de l'histoire de ce pays. Le premier
ancêtre, un certain Mautalent serait arrivé en 1066 de France en Angleterre avec Guillaume le
Conquérant puis aurait fait souche en Ecosse où le nom a
progressivement évolué en
Maitland. A ce jour, on peut
remonter avec certitude la lignée Maitland jusqu'au 13e siècle, 18 générations
avant William. Dans l'histoire plus récente, son grand père était le
Vice-Amiral William Heriot-Maitland-Dougall de la Royal Navy qui
avait eu 4 enfants au nombre desquels James St Léger Heriot-Maitland-Dougall qui avait émigré au
Canada en 1886 pour s'installer dans l'île Vancouver et allait devenir son père. Marié en 1894 avec
Winifred McKinstry Watson, le couple avait deux enfants, William
(1895) et son frère cadet Hamish (1898). William se tourna très
jeune vers la Marine, entrant en 1911 comme Cadet au
Royal Navy College of Canada à Halifax. En 1914 il était admis au
service actif en tant qu'Aspirant et était ensuite désigné pour rejoindre le
tout nouveau service des sous-marins de la Canadian Navy basé à
Victoria, B.C. C'est là qu'en Mai 1915, il faisait acte officiel de
candidature pour l'arme sous-marine et demandait son transfert à la
Royal Navy. Embarqué dans un premier temps à bord de HM Sub H 10 en
tant qu'Officier de Quart, il
était ensuite affecté comme second du sous-marin D 3 avant d'en
devenir le Commandant au début de 1918. Trois mois plus tard
il rencontrait son destin dans les eaux de la Manche, deux jours
avant de célébrer son 23e anniversaire. Il fut le plus jeune
Commandant de sous-marin de la Royal Canadian Navy et aussi le seul
commandant sous-marinier canadien mort au combat. Onze mois plus
tard, il suivait dans la mort son jeune frère qui était tombé à Vimy
à l'âge de 19 ans, laissant derrière lui une famille effondrée et
une lignée prestigieuse sans descendance pour cette branche.
L'épopée de la famille Maitland à travers près de 10 siècles
d'Histoire est telle que j'ai souhaité
consacrer une page particulière bien plus détaillée que celle-ci à
la trop brève existence de ce jeune et talentueux Officier de
Marine.
Famille Maitland
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( Photo © Famille
Maitland-Dougall) |
En mémoire des victimes
Nom |
Grade/fonction |
Age |
MAITLAND-DOUGALL |
William |
Acting Lt RCN |
23 |
HALL |
Alfred Atkinson |
Lt RNR |
25 |
WINGFIELD-STRATFORD |
Esme John Richard |
Lt RN |
nc |
ASPINALL |
Paul John |
Leading Signalman |
23 |
BENHAM |
Thomas William |
Stoker 1Cl |
25 |
COOMBS |
Daniel |
Leading Seaman |
29 |
DAWES |
Arthur |
Able Seaman |
22 |
FISHER |
George Edward |
Stoker 1Cl |
24 |
GARDNER |
Harry Raymond |
ERA 4Cl |
nc |
HARRINGTON |
Charles Thomas |
Stoker 1Cl |
nc |
JOHNSON |
Robert |
ERA 4Cl |
nc |
LARBY |
Charles Ernest |
Able Seaman |
22 |
LISTER |
Albert Samuel |
Petty Off. |
25 |
MARSHALL |
Edwin Harold |
Leading Stoker |
nc |
MITCHELL |
Walter John |
Able Seaman |
nc |
OSBORN |
William Charles |
Petty Off. |
nc |
PILKINGTON |
Ernest |
ERA 2Cl |
nc |
POWELL |
Henry William |
Able Seaman |
nc |
POWELL |
John |
PO Stoker |
nc |
SANGER |
George James Thomas |
Ord.Telegraphist |
18 |
STRINGER |
Albert Edward |
Stoker 1 Cl |
28 |
TURBETT |
Richard |
Chief ERA 2C |
36 |
WALCOTT |
Robert Henry Hinds |
Able Seaman |
20 |
WARD |
Arnold Robert |
ERA 3Cl |
nc |
WHORTON |
Ebenezer |
Leading Seaman |
28 |
WILLETT |
Alexander George |
Leading Stoker |
24 |
YEATES |
Frederick William |
Stoker 1Cl |
27 |
Plaque commémorative à la
mémoire du Lieutenant Maitland et de son jeune frère en l'église anglicane St.
Peter's de Quamichan (Cowichan), Duncan, Ile Vancouver, Canada (c/o Julie
Ferguson)
et
en hommage au plus jeune membre de
l'équipage, son certificat commémoratif édité par le CWGC
Un autre site sur le web :
www.maritimequest.com
Quelques lignes au sujet du Matelot
breveté
Charles E. Larby et le récit des
plongeurs qui
ont identitfié l'épave
L'épave du D 3 a été retrouvée en 2006 par des plongeurs anglais qui
n'ont pas souhaité divulguer sa position, même approchée. Selon les
sources officielles, l'attaque s'est produite à 12 milles au nord de
Fécamp mais il semblerait que cette position soit assez éloignée de
la réalité. |
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