1888
Le trois-mâts anglais Sirenia
(1598 tx),
Capt. McIntyre, se rend de San Francisco à Dunkerque quand il rencontre
le brouillard au large de la côte anglaise. A son bord, il y a outre les
26 hommes d'équipage, l'épouse du Capitaine et leurs trois enfants. Dans
l'après-midi, malgré le brouillard, la mer est agitée et le navire
portant toute sa voilure vient se jeter sur le récif d'Atherfield Ledge,
au large de Brighstone, Ile de Wight. Les canots de sauvetage de
Brighstone et de Brook se rendent auprès du voilier naufragé mais s'en
approcher est particulièrement dangereux en raison de l'état de la mer
qui de surcroît met le Sirenia en délicate posture. Le Capitaine
hésite dans ces conditions à faire abandonner le navire mais doit
finalement s'y résoudre en constatant que la mer ne donne aucun signe
d'apaisement et reste très agitée.
Au cours de l’opération de sauvetage, le
canot de Brighstone avec 26 rescapés à bord plus son armement chavire,
provoquant la noyade de deux rescapés et de deux hommes du bord. Celui
de Brook est submergé par une vague énorme et un de ses matelots se noie
à son tour. Les quelques rescapés demeurés à bord du trois-mâts seront
secourus le lendemain matin.
La
guerre sur mer
1915
Le vapeur anglais Blackwood
(1230 t.) fait
route de Blyth vers le Havre avec du charbon quand il est
torpillé par le sous-marin U 35, Kplt Waldemar Kophamel et coule
à 18 milles dans le 215 de Dungeness. Plus tard dans la journée, c’est le
chalutier à vapeur français Gris-Nez (208 t.) qui est coulé au
canon par ce sous-marin à 20 milles
dans l’O.SO de Beachy Head .
1916
Pour sa troisième patrouille, entre le 7
et le 11 Mars, le sous-marin UB 18, Oblt z.S. Otto
Steinbrinck va en quatre jours ajouter 13000 tonnes supplémentaires
de tonnage coulé à son tableau de chasse. Ce 9 Mars, il torpille coup
sur coup le vapeur norvégien Silius (1159 t.) et le paquebot français Louisiane
(5109 t.)
qui étaient au mouillage devant Le Havre.
Le navire auxilliaire
armé
Fauvette, Cdr. H.Wilson, est en mission de surveillance en rade des
Dunes le 9 mars quand il heurte une mine mouillée par le sous-marin UC
7, Oblt z.S. Georg Haag. Alors qu'il dérive
désemparé, il heurte une seconde mine au
large de North Foreland et cette fois-ci coule au point 51.24N 01.29E
avec 14 hommes de son équipage.
1917
Au cours d'une traversée de Londres à
Philadelphie, le vapeur anglais East Point (5234 t.) est
torpillé par le sous-marin U 48, Kplt Berndt Buss et coule à 9
milles dans le SE du feu d'Eddystone par 50.11N 04.02W. En l'espace d'un
mois et dans les mêmes circonstances, c'est le second navire que la
compagnie perd sur cette ligne.
Ce même jour, encalminée faute de
vent, la goélette anglais Abeja (174 tx), de Granville à Fowey sur lest,
est surprise à son tour par l’U 48 qui fait surface à environ un
mille sur bâbord. Un premier obus tiré par le sous-marin sifle au-dessus
du navire, un second touche le mât de misaine. Aucun doute n'étant
permis sur les intentions de l'équipage allemand, le voilier est alors
évacué avec une telle hâte que le Capitaine en oublie même de détruire
ses documents confidentiels, oubli fort heureusement sans conséquence
puisque la goélette n'est pas visitée par son adversaire. Le sous-marin
reprend alors son tir et en 5 coups de canon provoque le naufrage du
navire qui coule à 20 milles dans le 220 de Start Point vers le point
49.53N, 03.42W. L'équipage de 5 hommes sera recueillli peu après par un
patrouilleur et débarqué à Plymouth.
1918
Le vapeur norvégien Grane
(1122 t.), de
Swansea à Rouen, est torpillé et coulé au large de Portland par le
sous-marin UB 80, Kplt Max Viebeg
1940
Le vapeur grec P.Margaronis
(4979 t.),
Capt. George Chandris, appareillé la veille de la rade des Dunes pour
les USA, disparaît avec tout son équipage, dans le sud-ouest du cap Land's
End après avoir été torpillé par le sous-marin U 28, Kplt Günther
Kuhnke.
1941
Le chalutier armé anglais
Gullfoss
(358 t.)
réquisitionné par la Royal Navy, patrouille au large de Dungeness quand il
a saute sur une mine et coule.
1945
En ces derniers mois de la Seconde
Guerre Mondiale, les Iles Anglo-normandes abritent toujours 30000
militaires allemands et environ le double de civils. Churchill ayant
renoncé à reprendre ces îles par la force, elles restent le dernier
bastion de l'Allemagne dans la Manche. Mais dans ces îles ravitaillées
épisodiquement, les conditions d'existence deviennent de plus en plus
précaires et on y manque particulièrement de charbon pour les navires et
de vivres pour les hommes. C'est dans ce contexte et afin de pallier
cette disette que l'Amiral Huffmeier décide avec son Etat-Major un raid
particulièrement audacieux sur le port de Granville, port le plus proche
de Jersey, dans la nuit du 8 au 9 Mars 1945.
L'aviso dragueur allemand M-412,
Kplt Mohr, est engagé avec plusieurs autres unités dans cette opération
amphibie contre Granville. Selon ses instructions, il s'engage dans
l'avant-port où il doit débarquer les hommes de son commando chargés de
mettre le port hors d'usage et si possible de s'emparer d'un navire de
commerce afin de le ramener à Jersey. Malheureusement, il s'échoue
presque aussitôt alors que l'on se trouve à l'heure de l'étale de pleine
mer, soit 1 h 20 ce matin du 9 Mars. Si la mer avait continué à monter,
cet incident eut été sans gravité mais en fait, la marée amorce le
reflux ce qui le cloue dans la vase. Cependant, sans être seulement
inquiété par la garnison américaine qui occupe le port et ses environs
et que l'opération a surpris pour la plupart en plein sommeil, il peut
débarquer directement le commando qui entre autres missions sabote les
grues du port, sabote plusieurs cargos et s'empare du charbonnier
Eskwood pour le ramener à Jersey. L'effet de surprise ayant été
total, les Allemands resteront pratiquement maîtres du port de 1 h 30 à
3 heures du matin, temps qui sera mis à profit pour répartir sur les
autres unités l'équipage de l'aviso M-412. Mohr fait alors sauter
son bâtiment avec des charges de sabordage et prend passage sur l'Eskwood
dont l'équipage anglais a été fait prisonnier. Le M-412 saute
vers 2 heures et brûlera toute la journée du 9 tandis que ses munitions
explosent les unes après les autres à la grande inquiétude des habitants
de la cité.
Ce n'est qu'en 1951 que l'épave sera
finalement démantelée et dégagée de l'avant-port.
C'est au cours de cette opération que le
patrouilleur côtier américain PC564,
Lt. Percival Dandel,
USNR, est mis hors de combat avec
la perte d'une partie de son équipage. Appareillé de Granville le 8 au soir pour une mission de
patrouille, il est informé à 22h de la présence de trois échos
radar suspects entre les Iles Chausey et Granville et fait route alors à
grande vitesse vers cet objectif . Quelques minutes plus tard, il
obtient à son tour un contact radar et ouvre le feu avec un tir
d'éclairants. Au même instant, le PC564 est illuminé par un
éclairant tiré depuis un navire allemand de type Artillerieträger,
unité de protection qui couvrait l’opération de commando contre le port
de Granville. L'instant d'après, il encaisse un coup au but dans l'abri
de navigation qui tue tout le personnel présent et occasionne de graves
avaries. Le patrouilleur dont la pièce de 76mm vient de s'enrayer ne
peut tirer qu'un seul coup qui ne touche pas l'adversaire. Quelques
instants plus tard, un second coup au but pulvérise l'affût de 40mm.
Privé d'artillerie, son navire gravement endommagé et de surcroît sous
le feu adverse, Dandel donne l'ordre de se préparer à abandonner le
bord. Mais sans raison apparente, le feu cesse et l'ordre d'abandon est
annulé non sans que dans la confusion, il ait déjà reçu un commencement
d'exécution. Un radeau est mis à l'eau avec onze hommes que nul ne
reverra jamais malgré d'intensives recherches toute la journée du 9 et
une partie de la suivante. Le feu ayant cessé, Dandel tente alors de
faire côte en échouant son bâtiment devenu pratiquement ingouvernable,
sur l'une des plages de la Pointe du Grouin mais dans l'obscurité, il
vient faire tête sur les rochers où il reste échoué avec 12 morts et de
nombreux blessés. Le PC564 pourra être remis à flot et remorqué
jusqu'à Saint Malo dans la soirée du 9.
Ce raid sur Granville fut conduit avec
un effectif total de 600 hommes dont 150 pour les différents commandos
qui menèrent à bien la mission. Pour des pertes étonnamment faibles côté
allemand, les Alliés eurent à déplorer 60 morts et de nombreux
prisonniers dont des officiers américains cueillis au lit dans leurs
chambres de l'Hotel Normandy, la perte du patrouilleur, la mise hors
service des grues, la destruction dans le port de cinq cargos et la
capture d'un sixième sans compter la libération de prisonniers de la
Wehrmacht qui se trouvaient là, réquisitionnés au travail du port. Mené
de main de maître, ce raid particulièrement audacieux eut un impact
considérable sur les Alliés à exactement deux mois de la fin du conflit.
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