8 JUIN

 

1885       

Le vapeur anglais Earl of Lonsdale (1542 t.) d'Alexandrie pour Portishead avec un chargement de haricots et de pieds de coton avait rencontré à l’ouvert de la Manche un brouillard dense mais malgré cela, le navire marchait à toute vapeur et il s'échoua à St. Agnes, Iles Scilly où il devint une perte matérielle totale.

1887       

Le vapeur anglais Castleford (3044 t.), Capt. L. McLean, durant une traversée de Montreal à Londres a fait naufrage dans le brouillard sur les récifs de Crebawethan, Iles Scilly avec un équipage de 32 hommes plus 18 bergers en charge de 450 têtes de bétail. Passagers et équipage seront tous sauvés mais seulement une soixantaine de bêtes parviendront vivantes à Annet après avoir été prises en remorque par des embarcations.

1905       

Le sous-marin anglais A-8, Lt. A.H.C. Candy, alors qu'il marchait à 10 noeuds derrière son bâtiment-base a sombré instantanément dans le Sound de Plymouth. Seuls 4 hommes dont le Commandant, précipités à la mer, ont pu être sauvés, les 11 autres ont été noyés. On pensa dans un premier temps que la perte était due à une explosion interne mais l'enquête réalisée sur l'épave qui avait été relevée le 12 juin, mit en évidence que le bateau commença à piquer alors qu'il était à 10 noeuds, sans doute par une voie d'eau dans le réservoir à combustible avant dont on nota qu'un rivet était manquant. Il est vraisemblable que cette même voie d'eau a pu être à l'origine du court-circuit qui aura alors provoqué l'explosion de vapeurs de pétrole qui se dégageaient

1912    

L'escadre cuirassée de Brest composée de six cuirassés et trois croiseurs, placée sous le commandement du Saint Louis avait appareillé le 7 Juin en fin d'après-midi pour faire mouve­ment vers Cherbourg. Il avait alors été décidé de mettre à profit ce mouvement d'escadre pour déclencher un exercice d'inter­ception par les sous-marins de Cherbourg qui en conséquence avaient appareillé vers quatre heures du matin le 8 pour se positionner depuis le Raz Blanchart jusqu'au cap de la Hague. Le Lieutenant de Vaisseau Prioul, Commandant du Vendémiaire, a reçu pour mission de tenir le secteur compris entre Aurigny et La Hague avec pour consigne expresse de ne pas le quitter avant la fin de l'exercice. A cinq heures du matin, précédée d'un nuage de fumée qui n'a pas échappé aux veilleurs du petit sous-marin,  l'escadre double la pointe nord est d'Aurigny et le Vendémiaire prend la plongée à l'immersion périscopique. Vers 6 heures, à bord du Vendémiaire qui poursuit sa progression en plon­gée en donnant régulièrement un bref coup de périscope, Prioul s'est rapproché du Saint Louis et prépare soigneusement son attaque. Le puissant halètement des machines à vapeur de l'escadre de cuirassés emplit de son souffle le sous-marin tout entier. Prioul attend encore quelques minutes avant de sortir une dernière fois son périscope. Selon ses calculs, le Saint Louis  doit maintenant présenter largement ses flancs aux torpilles du Vendémiaire. Sa stupeur dut être grande lorsqu'il constate que le cuirassé  lui présente non le flanc mais son étrave effilée dont l'éperon mortel s'orne d'un somptueux panache d'écume et dans une manœuvre désespérée, il dut tenter d'éviter la catastrophe. A bord du cuirassé également on tente une manœuvre d'évitement en mettant la barre toute à gauche quand un veilleur aprçoit le périscope. Mais il est déjà trop tard et avant que le Saint Louis n'ait eu le temps d'évoluer, c’est le drame. On ressent une légère secousse, comme si l'on poussait quelque chose de résistant, sous l'étrave, le kiosque apparait un instant puis s'enfonce aus­sitôt dans un grand bouillonnement. C’est l'air qui s'échappe du trou béant provoqué par l'éperon dans la coque du sous-marin. En quelques secondes, tout est fini et avant que le Saint Louis ait seulement pu s'arrêter, le Vendémiaire a coulé par 53 mètres de fond avec son équipage. Cette profondeur étant à l'époque inaccessible aux scaphan­driers surtout en ces eaux du Raz Blanchart soumises à de très forts courants de marée, il ne sera fait aucune tentative de ren­flouage de l'épave dans les flancs de laquelle vingt quatre ma­rins dorment de leur dernier sommeil.

Position de l'épave : 49.44.300N, 02.03.090W.

   

La guerre sur mer

1917       

Le  vapeur norvégien Vinaes (1107 t.) de Cardiff à Rouen avec du charbon est torpillé et coulé par le sous-marin UB 32, Oblt z.S. Max Viebeg, à 15 milles dans l’ENE de Barfleur. Neuf hommes de son équipage ont disparu avec le navire.

Le sous-marin UB 18, Oblt z.S. Claus Lafrenz, fait irruption au milieu d'une flottille de pêcheurs anglais en pêche entre 6 et 9 milles dans l’est de Start Point. Les uns après les autres, les bateaux Cariad (38 tx), Ocean's Pride (42 tx), Onward (39 tx) et Torbay (38 tx) sont capturés et sabordés.

En route à 25 milles dans le N.NO du Cap de la Hève, le brick anglais Phantom (251 tx) est intercepté par le sous-marin UB 40, Oblt z.S. Hans Howaldt et coulé au canon.

1918       

Le vapeur anglais Saima (1147 t.) de Rouen vers Barry sur lest est torpillé par le sous-marin U 82, Kplt Heinrich Middendorff, à 10 milles dans l'ouest de Trevose Head, Cornwall, et coule vers le point 50.29N 05.23W avec 16 hommes de son équipage dont le Capitaine puis à 6 milles dans le NO de Trevose, c’est le vapeur anglais Hunsgrove (3063 t.), de Cardiff vers la France avec du charbon qui subit le même sort. Il coule vers le point 50.36N 05.11W faisant 3 victimes.

1944       

Le sous-marin U 629, Oblt z.S. Hans Helmuth Bugs, prit la mer à Brest au soir du 7 Juin en direction de la Normandie.  A 2 h 10 au matin du 8, il est repéré et attaqué par le Liberator du F.Lt Kenneth Moore du Squadron 224/G de la RAF. Le clair de lune est tel que l'usage du projecteur ne sera même pas nécessaire. Six bombes sont larguées dont trois explosent à hauteur du kiosque. Dans l'explosion, le bateau semble littéralement sortir entièrement hors de l'eau. Lorsque le pilote ramène son appareil sur les lieux, il n'y a plus en surface que du mazout et de nombreux débris qui au point 48.34N 05.23W, marquent la tombe de l'U 629 et de ses 51 hommes d'équipage.

Le sous-marin U 373, Oblt z.S. Detlef  von Lehsten, avait lui aussi pris la mer au soir du 7 Juin en direction de la zone du Débarquement. Vers 2h40 dans la nuit du 8, au point 48.10N  05.31W, il est détecté au radar à une distance de 2,5 milles par le Liberator du F.Lt Kenneth Moore qui trente minutes plus tôt vient de couler l'U 629. Attaquant à une hauteur de 50 pieds, Moore largue 6 bombes qui tombent de part et d'autre du sous-marin. Au cours du second passage, l'U 373 est aperçu donnant une forte bande sur tribord et coulant par l'arrière. Après que le bateau ait disparu, il ne reste plus en surface que 3 radeaux et de nombreux survivants qui surnagent dans l'eau mélangée au mazout. Ces survivants seront repêchés par une vedette rapide. Quatre hommes ont été tués mais il y a 48 rescapés. Pour le F.Lt Moore, cette remarquable sortie durant laquelle il a coulé deux sous-marins en trente minutes, sera récompensée par l'attribution immédiate du Distinguished Service Order et de la  Silver Star US.

Le Sqdn 224/G n'en a pas fini avec les succès puisque dans la nuit, il est crédité d'une nouvelle victoire contre un U-Boot qui sera identifié comme étant l'U 441 du Kptlt Klaus Hartmann lui aussi appareillé de Brest dans la soirée précédente. Aucun des 51 hommes de l'équipage ne survivra pour raconter ce que furent les derniers instants de leur bateau. Selon les Alliés, U 441 a été coulé vers le point 48.27N 05.47W. Le SHOM se montre plus précis et indique 48.29.7723N et 05.29.5849W. (Non vérifié)

 Opération Overlord

La barge Landing Craft infantry (Large) LCI 105 ainsi que le chaland Landing craft tank LCT 875 sont torpillés et coulés par les vedettes allemandes de la 9-SBF. Dans la nuit du 7 au 8, les S-Boote de la 4-SBF attaquent un convoi escorté par le destroyer HMS Beagle et parviennent à couler à la torpille les LST 314 et 376.

La frégate HMS Lawford, Lt Cdr M.C. Morris est attaquée par la Luftwaffe devant la plage Juno et coulée. Au cours de cette attaque, 24 marins sont tués et 6 officiers blessés. Epave au point 49°25′43″N 00°23′47″W.

 Après plusieurs traversées d'escorte en Atlantique Nord et une participation au débarquement de Sicile, le destroyer USS Glennon, Cdr C.A.Johnson, quittait New York en escadre le 5 Mai 1944 à destination de Belfast qu'il atteignait le 14. Là, il était désigné pour rejoindre la Force U de l'opération Overlord et se trouvait engagé le 6 Juin au matin dans une opération de bombardement des défenses côtières allemandes. Au contraire de plusieurs navires engagés dans cette opération, le Glennon traversait les deux premiers jours sans encombres. Mais, à 0830 GMT le 8, alors qu'il revient prendre son poste de bombardement devant la côte, le destroyer est secoué par une terrible explosion qui fait sortir sa poupe hors de l'eau. Arbres d'hélices faussés, le Glennon stoppe tandis que l'eau envahit les compartiments éventrés. Une mine vient d'exploser sous le navire. Les secours sont sur place très vite avec les dragueurs britanniques HMS Staff et Threat qui prennent à leur bord plusieurs hommes projetés à l'eau par l'explosion tandis que le Staff passe une remorque pour tirer de là le destroyer avarié. Le groupe est bientot rejoint par le destroyer USS Rich qui s'approche malgré la mise en garde du Cdr Johnson, pour prêter assistance. Mais c’est hélas trop tard et le Rich saute à son tour, provoquant l'explosion de trois mines. En moins d'une minute, il se brise en trois parties et disparait de la surface au milieu d'un nuage de fumée et de vapeur. 27 hommes sont tués et 73 portés disparus.

Dans le même temps, on s'affaire à maintenir le Glennon à flot mais son équipage ne parvient pas à ses fins et bientôt la poupe qui s’est enfoncée davantage touche le fond par faible profondeur en cet endroit. Tout remorquage devenant impossible à ce stade, l'équipage abandonne son navire pour être recueilli à bord de vedettes et de barges LCI qui reviennent des plages.

Peu après, le Cdr Johnson revient à bord de son navire avec une équipe de sauvetage pour étudier une possibilité de le renflouer mais entre temps, les Allemands qui ont remis en état de tirer certaines de leurs batteries de Quinéville, ouvrent le feu sur le Glennon immobile à l'aube du 10 Juin. La première salve manque mais la seconde touche la machine arrière, ce qui provoque la perte de toute génération électrique. Une nouvelle salve éventre la plage avant. Dans l'impossibilité de riposter, le Cdr Johnson doit se résoudre à abandonner une nouvelle fois son navire et embarquer avec ses hommes à bord d'un chaland tandis que les Allemands ayant trouvé la bonne hausse, pilonnent le malheureux destroyer. Lorsque le feu cesse enfin, Johnson retourne à bord avec quelques gradés pour examiner les dommages. Le navire ne peut plus être sauvé et les codes secrets ainsi que les équipements sensibles sont détruits. Le Glennon a reçu au moins douze coups au but qui ont ouvert autant de brèches dans la coque. Prenant une gite sur bâbord qui va en s'accentuant toute la journée, le destroyer chavire à 2145 et coule devant Quinéville. Vingt cinq hommes ont été tués par l'explosion de la mine et 38 autres blessés.

Le fileyeur Minster, l’une des nombreuses unités réquisitionnées par la Royal Navy au début de la guerre, a coulé après avoir sauté sur une mine en Baie de Seine.

Les barges Landing craft infantry (Small)  LCI(S)-512, 517, 524, 531 et 540 ainsi que les barges Landing craft tank Armoured  MkV  LCT-2049, 2229, 2273, 2301, 2307, 2402 2428 et 2498 ont été perdues lors du Débarquement sur les plages de Normandie.

Le cuirassé Courbet, vétéran de la Grande Guerre est coulé volontairement devant Arromanches afin de faire office de brise-lames lors de la construction du port artificiel Mullberry. Avec lui sont coulés de la même façon le cuirassé anglais Centurion, les croiseurs néerlandais Durban et Sumatra ainsi que la plateforme d'artillerie Alynbank ou encore le vapeur anglais Courageous. Au total ce sont 53 navires qui seront ainsi sabordés, offrant un brise-lames de 4 milles de long à 1500 mètres des plages.