1 JUIN

 

 1904       

Le trois-mâts goélette Bois-Rosé, Capt. Leroux appareillait de Saint Malo début juin 1904 et rencontrait aussitôt le mauvais temps. Au cours de la première nuit à la mer, des avaries et une voie d'eau étaient infligées au voilier et l'équipage dut se mettre aux pompes. Après deux jours de pompage alors que le Bois-Rosé dérivait au large des Minquiers, il devint évident que les pompes n'étaleraient plus la voie d'eau et les 33 hommes de l'équipage abandonnaient leur navire à bord de dix doris. Le vapeur Lucilline, Capt. Helsham, de Bordeaux vers Rouen les recueillait puis tentait de prendre le voilier en remorque mais en vain. Le Bois-Rosé sombrait peu après.

 1934       

Le charbonnier anglais Skeldon (1337 t.), de Methil à St Malo, s'est échoué dans le brouillard sur les récifs des Portes à l'entrée de la passe de St Malo. Impossible à renflouer, il s'est rapidement cassé en deux pour devenir une perte matérielle totale.

La guerre sur mer

1940

Cette journée du 1er Juin va être la pire de cette semaine durant laquelle les Alliés auront tenté de sauver le plus grand nombre possible de leurs hommes acculés dans la poche de Dunkerque. Ci-dessous, un aperçu chronologique           

07h40      

Le destroyer Ivanhoe, Cdr. P.Hadow, fait route vers l'Angleterre avec environ 500 soldats à son bord quand il est attaqué par une vague de bombardiers Heinkel. Ayant de l'eau devant lui, le destroyer évite cette attaque mais ne peut éviter la seconde vague composée cette fois de Stukas qui à 07h41, placent deux bombes très proches et une troisième au but qui explose dans la machine, provoquant un sérieux incendie qui sera cependant maîtrisé. Le destroyer Havant (1350 t.), Lt. Cdr Burnell-Nugent vient alors bord à bord et embarque les soldats évacués mais peu peu après 9 heures, il est à son tour, pris pour cible par les bombardiers Stuka de la Luftwaffe. Deux bombes font but, explosant dans la machine. Privé de propulsion, son Commandant ordonne de mouiller et transfére les malheureux soldats de son bord sur le dragueur Saltash ainsi qu'à bord des petits  vapeurs Narcissa et La Grive sous le feu continuel des avions. A la suite de ces coups au but et de ceux qui l'ont manqué de peu, le Havant s'enfonce de plus en plus. A 10 heures, son pont est sous l'eau et à 10 heures 15, alors que le Saltash tente de le remorquer, il chavire et coule. Son équipage était de 145 hommes dont 8 seront tués ainsi qu’au moins 25 soldats.

De son côté, malgré plusieurs autres attaques aériennes, l'équipage du destroyer Ivanhoe réussira à sauver son navire et à le ramener en Angleterre avec l'aide d'un remorqueur.

 08h30

A 08h30, alors qu'il se trouve au large de La Panne en compagnie du destroyer Basilisk et des dragueurs de mines Salamander et Skipjack, le destroyer HMS Keith (1400 t.), Capt. E. Berthon, est pris à partie par un raid d'une quarantaine de bombardiers Ju.88 de la Luftwaffe. Touché, le Keith prend feu et doit être abandonné avec 36 morts. Par chance, la majorité des troupes qui étaient à son bord pourront évacuer, mais pour une centaine de soldats recueillis par le remorqueur St. Abbs, ce n'était que retarder l'heure de la fin puisqu'ils allaient trouver la mort peu après quand cette unité succombait à son tour sous les bombes.

A la même heure, le destroyer Basilisk (1380 t.), Cdr. Michael Richmond, est attaqué par une quarantaine d'avions JU-88. Une première bombe le touche dans la chaufferie n° 3, provoquant l'arrêt de ses machines. Six autres bombes explosent le long ou en dessous du bateau, allant jusqu'à déformer les flancs de sa coque. Vers midi, la Luftwaffe revient sur les lieux et l'achève. Le Basilisk coule en eau peu profonde et sera détruit volontairement avec des grenades sous-marines du destroyer HMS Whitehall. Le nombre exact de soldats et marins à bord au moment de l'attaque n'est pas connu.

08h50

Soumis à de continuelles attaques depuis 5 heures 30 du matin, le dragueur de mines HMS Skipjack, Lt.Cdr. F. Proudfoot, évacuait depuis Malo les Bains les soldats du corps expéditionnaire allié. à 8 heures 45 il n'avait plus qu'une dizaine de projectiles par pièce. A 8 heures 50, au large de La Panne, une attaque massive de Stukas submerge le petit dragueur qui est touché à cinq reprises par les bombes. Désemparé, il chavire et flotte encore une vingtaine de minutes, quille en l'air avant de couler. A l'intérieur, se trouvaient encore plus de 270 soldats dont aucun ne parviendra à s'échapper. Les rares survivants seront même mitraillés dans l'eau, ce qui porte à plus de 300 le nombre de victimes de cette attaque.

09h30

Ayant échappé à cette attaque, le remorqueur St. Abbs comme dit ci-dessus, avait alors pris à son bord quelque 130 soldats provenant du Keith ou du Skipjack, certains affreusement blessés ou brûlés. Mais à 09h30, un seul Stuka revient attaquer le remorqueur et largue en travers de sa course, un chapelet de 4 bombes à retardement qui explosent à l'instant même où il passe dessus, soulevant le navire et déchirant la coque. En moins d'une minute, le remorqueur disparait, ne laissant que de rares survivants à la surface de la mer.

10h30

A 8 heures, le torpilleur français Foudroyant, Capitaine de Corvette Fontaine, avait appareillé de Douvres pour aller à Dunkerque par la route X à une vitesse de 25 nœuds. Vers 10h30, se trouvant à 6 milles de Fort-Mardyck, il est attaqué par une nuée de bombardiers allemands. Touché à trois reprises du fait de son incapacité à manoeuvrer dans le chenal très étroit à cet endroit, le bâtiment se casse sur l'arrière du tube lance-torpilles, se couche sur bâbord et commence à couler très vite tandis que l'armement des mitrailleuses continue à tirer. Les chauffeurs n’ont que le temps de libérer la pression dans les chaudières puis le commandant Fontaine donne l'ordre d'évacuation. L'équipage monte sur le côté tribord et se jette à l'eau dans le plus grand calme. L'action et la mise hors de combat du bâtiment n'ont pas duré deux minutes, ne donnant le temps ni de prévenir par T.S.F., ni de détruire les documents secrets ni même de mettre un radeau à l'eau. Sous le feu de l'aviation allemande, les survivants sont emportés vers l'Est par le courant, en chantant la Marseillaise et en acclamant leur navire agonisant qui disparaît au bout de 10 minutes. L'équipage sera recueilli par plusieurs embarcations qui se sont approchées, et regroupé sur le chalutier armé Bernadette de Lourdes. Il y a finalement 19 morts et plusieurs blessés ou brûlés.

11h00

Un peu avant 11 heures, le paquebot Scotia (3441 t.), Capt. W.Hughes, est pris à partie au large des plages par les bombardiers de la Luftwaffe alors qu'il fait route vers l'Angleterre. Depuis le début de cette matinée, les vagues de bombardiers se succédent et ont déjà causé de terribles ravages. Plusieurs bombes vont au but ou explosent à proximité. Terriblement chargé de plus de 2000 hommes, le paquebot commence à chavirer lentement fort heureusement, ce qui permettra à de nombreux soldats de se réfugier sur la coque et de s'y maintenir jusqu'à l'arrivée de moyens de sauvetage. Malgré cela, entre 200 et 300 d'entre eux plus 32 hommes de l'équipage vont trouver la mort. Le Scotia a coulé vers le point 51.07 N, 02.10 E.

13h30

La canonnière fluviale Mosquito (625 t.) qui avait été conçue pour le service sur le fleuve Yang Tsé, était engagée dans l'évacuation malgré les difficultés considérables que représentaient son manque de manoeuvrabilité et son fort tirant d'eau. A 1 heure 30 de l'après-midi, elle est attaquée au large de La Panne et touchée à plusieurs reprises par une vingtaine de bombardiers allemands. Au terme d'une défense héroïque, le Mosquito chavire et coule, ses survivants étant repêchés par deux chalutiers. L'équipage de ce type de navire était de 55 hommes mais le nombre de victimes n'est pas connu exactement, pas plus que le nombre de soldats qui auraient éventuellement pris place à son bord.

Dans l'après-midi, au large de Bray-Dunes, le vapeur à roues Brighton Queen (562 t.) est attaqué par les bombardiers de la Luftwaffe. Atteint par une bombe de 500 livres alors qu'il a à son bord environ 600 soldats français et algériens, il coule faisant au moins 300 victimes. Ce navire sera le dernier coulé en cette journée particulièrement meurtrière pour les Alliés qui outre plus d'un millier d'hommes sinon davantage tant il est difficile d'en connaître le nombre exact, auront perdu ce jour-là sous les coups de la Luftwaffe, 17 navires coulés ou mis hors service.

Parmi les autres unités perdues ce jour là, on note également les chalutiers armés anglais Argyllshire et Stella Dorado, le remorqueur St. Fagan et le yacht Grive.

Pour tous les navires cités ci-dessus, une simple recherche sur internet permet de restituer nombre de pages en français comme en anglais en relation avec ces dramatiques évènements.