Une fortune engloutie

   Arborant les couleurs de la Peninsular & Oriental Steam Company, le paquebot de 7941 tonnes Egypt, Capt. Andrew Collyer, avait appareillé de Tillbury le 19 Mai 1922 à destination de Marseille et Bombay avec à son bord 44 passagers et 294 membres d'équipage parmi lesquels 208 étaient originaires de l'Inde et de divers pays asiatiques. Dans ses soutes, outre les frets habituels, il transportait dans la chambre forte un chargement d'or et d'argent estimé à 1 054 000 £ de l'époque, soit une somme considérable.

   Dans l'après-midi du 20, alors qu'il avait doublé Ouessant, le navire rencontrait un brouillard épais. Après avoir fait route quelque temps à faible vitesse, le Capt. Collyer donnait ordre de stopper les machines. On entendait alors la sirène d'un autre vapeur en rapprochement mais la densité du brouillard ne permettait pas de l'apercevoir. Tout à coup, il sortit de la brume à grande vitesse sur le côté bâbord et 15 secondes plus tard heurtait le paquebot entre les cheminées avec une violence inouie. L'Egypt commençait alors à sombrer tandis qu'une incroyable panique s'emparait des Lascars et des Asiatiques qui se ruaient sur les embarcations, imités en celà par quelques Européens de l'équipage. La gite importante sur bâbord rendait encore plus difficile la tâche de ceux qui voulaient préserver un semblant de discipline et entravait la mise à l'eau des embarcations restantes. La gite était à ce moment là telle que tous les radeaux, canots et objets pouvant flotter furent libérés de leurs attaches afin de rester en surface quand le navire coulerait. Cette disposition allait permettre de sauver nombre de vies. Au milieu de cette confusion, plusieurs cas d'héroïsme furent cependant signalés. Ainsi cet Officier de l'Armée qui, revolver au poing fit évacuer les Lascars d'une embarcation et monter à leur place plusieurs dizaines de passagers.

   Vingt minutes après la collision, l'Egypt disparaissait sous les flots tandis que le navire abordeur, le cargo français La Seine, Capitaine Le Barzic, qui se rendait de La Pallice au Havre, prenait les recapés à son bord. Le Capitaine Collyer demeura à son poste jusqu'à l'engloutissement de son navire mais put heureusement être repêché par l'une des embarcations. Tous furent conduits à Brest par La Seine.

   La position du naufrage se trouvait selon les estimations à environ 20 milles du phare d'Ar Men. Diverses tentatives eurent lieu pour récupérer la précieuse cargaison du paquebot, mais jusqu'en 1928 aucun progrès significatif ne fut enregistré dans la localisation de l'épave. En Juin 1929, la société italienne SORIMA, spécialisée dans les plongées profondes intervenait à son tour. L'expédition commandée par le Commandatore Giovanni Quaglia enregistrait rapidement un premier succès en retrouvant formellement l'épave qui gisait par 120 mètres de fond. Le navire reposait sur sa quille avec les mâts et les cheminées debout. Les navires spécialisés Artiglio et Rostro allaient permettre à un scaphandrier de descendre jusqu'au navire mais il fallut encore attendre l'été 1932 pour réussir en quelques jours à récupérer la quasi totalité de la cargaison. Dix années avaient été nécessaires pour parvenir à ce résultat.

S.S. Egypt - Peninsular & Oriental

  

Retrouvez le récit complet de ce naufrage, extrait de "1850-1950, Cent ans d'histoires de mer dans la Manche © Yves DUFEIL, 1975.

 

   L'épave :

Position exacte  48.06.568N, 05.29.795W (WGS84).

Les conditions de profondeur et de courant sont telles que pareille plongée n'est à la portée que de rares plongeurs non professionnels.

Ci desssous une sélection de photos de Leigh Bishop  avec son aimable autorisation. Plus encore sur son site :  http://www.deepimage.co.uk

 

Panneau de pont Un hublot
Compartiment des lampes Oups ! La chasse d'eau a du fuir...

et cette video sur l'épave

 

En images, le sauvetage de l'or

 

Eté 1932 - L'Artiglio De l'or !

Le scaphandre de grande profondeur

Il Commandatore et les lingots

Plein les mains !