Le paquebot
britannique Drummond Castle, Capt. William Pierce, avait appareillé
de Capetown le 28 Mai 1896 à destination de Londres via Las
Palmas. A son bord avaient pris place 143 passagers tandis que dans ses soutes
on avait entreposé une cargaison d'or en provenance des mines sud-africaines. Le 16
Juin, à la veille d'arriver à Londres, il contournait la Bretagne dans la
soirée et rencontrait alors le brouillard. On suppose que le Capitaine
peut-être un peu trop confiant dans la précision de son estime ou omettant
de tenir suffisamment compte des courants de marée particulièrement forts dans ces
parages, n'a pas réalisé qu'il courait droit sur les récifs. Le vapeur
Werfa qui croisa la route du Drummond Castle ce soir-là, signala
à la commission d'enquête qu'il lui avait effectivement semblé que le
paquebot suivait un cap dangereux mais qu'il n'avait pas répondu à ses
signaux avant de disparaître dans la brume.
Toujours est-il que peu avant 23 heures, le Drummond Castle heurtait
le récif des Pierres Vertes dans le Fromveur, un passage entre les îles
d'Ouessant et de Molène, à la vitesse de 12 noeuds. La roche déchirait le
navire sur une grande longueur et celui ci commençait aussitôt à s'enfoncer
par l'avant. Pierce pensant pouvoir malgré tout garder le navire à flot,
donnait l'ordre de parer les canots sans les mettre à l'eau. Par précaution
dans le même temps, le Chef Mécanicien libérait la vapeur afin d'éviter une
explosion des chaudières au contact de l'eau froide.
Un peu plus de cinq minutes s'étaient écoulées quand brutalement, le navire
s'enfonçait par l'avant et tel une pierre, coulait instantanément. Par chance, la sirène du
Drummond Castle qui appelait à l'aide quelques minutes durant avant
qu'il ne disparaisse, avait été entendue des iliens et plusieurs pêcheurs de
Molène prirent la mer pour se porter au secours du paquebot en détresse.
Malheureusement, il s'en fallut de plusieurs heures avant de retrouver le
lieu du naufrage et seules 3 personnes sur les 246 qui se trouvaient à bord
purent être sauvées. Il s'agissait de Charles Marquand, un passager de la
Première Classe et de deux marins, le quartier-maître Wood et le matelot
Godbolt. Plusieurs dizaines de cadavres furent également repêchés par les
Bretons et inhumés à Molène. La Reine Victoria émue par la compassion dont
les Molénais avaient fait preuve à l'occasion de ce drame fit construire aux
frais de la nation britannique ce qui faisait le plus défaut sur l'île : une
citerne pour conserver l'eau douce.
Epave au
point 48.25.0395N et 5.03.3843W
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Inhumation
à Molène - dessin paru dans l'hedomadaire L'Illustration à
l'époque |
Ce terrible naufrage a été
magistralement évoqué par l'écrivain breton Henri Quéffelec dans son ouvrage
"Les îles de la miséricorde" ainsi que par Tangi Quéméner dans "Les
naufragés du bout du monde".
A voir également
une très belle page consacrée au naufrage sur le site
molene.fr
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Sur la plage
avant, le guindeau.
L'épave fut découverte dans les années 30 par la société italienne SORIMA
spécialisée dans la récupération de cargaison et le ferraillage sur épaves.
Pour accéder aux parties intéressantes des navires, les plongeurs de la
SORIMA avaient une technique éprouvée : ils dynamitaient les obstacles,
attendaient que la visibilité redevienne correcte au fond puis ils
récupéraient ce qu'ils étaient venus chercher. Dans ce contexte violent
l'épave dut subir de grandes détériorations.
En 1979, l'épave fut redécouverte par un plongeur breton qui au
cours de ses plongées, remonta quelques objets (vaisselle principalement)
qui sont exposés au musée du Drummond Castle sur Molène. Le
Drummond Castle est cassé et très ensablé même si la forme du bateau est
encore reconnaissable. L'étrave remonte de 4 mètres environ et possède
toujours ses deux écubiers. Le pont ainsi que la quasi totalité des flancs
du bateau se sont effondrés et disparaissent parfois sous le sable ; des
guindeaux, un tas de chaînes concrétionné ou des hublots sont visibles. Au
deux tiers arrière, les deux chaudières d'environ 4 mètres de diamètre,
grâce à leur épaisseur, résistent assez bien à la corrosion. Vers la poupe,
des amas de tôle cachent l'arbre d'hélice, mais l'hélice quadripale est
toujours présente. (Source
Wikipedia)
Toutes les
photos sous-marines sont ©
Alain Carnot
plongeur brestois.
Octobre 2010
- Une nouvelle série de photos dues cette fois à Nicolas Job. Remarquez là
aussi la qualité des prises de vue. Merci Nico. |