5 DECEMBRE

 

1830    

La perte dans des circonstances dramatiques de la plus grande partie de l'équipage du brick Quixote est déjà en soi un terrible naufrage mais c’est également le ou l'un des derniers cas d'anthropophagie recensés dans l'histoire maritime récente.

Le brick Quixote du port de St. Aubin, Jersey, Capitaine Francis Bailhache, avait appareillé durant l'été 1830 à destination de Terre-Neuve qu'il avait quittée ensuite pour les ports espagnols de Cadix et San Lucar, où il avait embarqué une cargaison d'huile à destination de Liverpool. Appareillé le 23 Octobre de ce dernier port, il rencontrait une longue période de très mauvais temps et se trouvait à la cape de 5 Décembre à l'entrée de la Manche. Mais le temps s'étant encore détérioré, c'était bientôt un véritable ouragan qui soufflait ce jour là, obligeant le brick à louvoyer sous les seuls huniers de grand voile vers le point 48N 08W. A 18 heures 30, un vague énorme prenait le navire par le travers, le couchait sur la mer en provoquant le rippage de la cargaison et rendant impossible en l'état tout redressement du navire. Sur le pont, les deux hommes de quart sectionnaient immédiatement les haubans, faisant ainsi basculer la mâture à la mer et permettant au brick de se redresser. Mais le bateau était plein d'eau et les prélarts de cale avaient été emportés. Quand le navire s'était couché, quatre hommes se trouvaient sous le gaillard d'avant d'où l'un d'eux parvenait à s'échapper mais les 3 autres restés prisonniers étaient très vite noyés. De leur côté, le Capitaine et le second parvenaient néanmoins à quitter la cabine arrière et à gagner le pont où ils constataient qu'il était balayé par la mer de la proue à la poupe. Malgré le froid sévère, les rescapés de l'équipage, complètement trempés et épuisés tenaient bon. 

Deux heures après le chavirage, le Capitaine décédait et un matelot mourait à son tour le lendemain matin, tous deux emportés par l'épuisement et le froid. Il ne restait plus à bord que 4 hommes en vie qui s'accrochaient désepérément à l'épave. Durant les quatre jours qui suivirent, ils survécurent ainsi sans boire ni manger.
Le 9 Décembre, un autre matelot mourait et les trois rescapés décidaient alors d'attacher son corps afin qu'il ne soit pas emporté et pouvoir s'en nourrir. Le jour suivant, surmontant leur répulsion, ils grignotaient un bras et le lendemain encore se nourissaient de sa chair. Le 12 enfin, la mer se calmait mais le corps de leur malheureux compagnon commençant à se putréfier, aucun des 3 rescapés ne voulut s'en nourrir. Ce n'est qu'au matin du 13 qu'une voile apparaissait et que le matelot Philip Arthur parvenait à attirer son attention. Il s'agissait du brick français Ceres de Rouen, Capitaine Le Pommier en route vers Barfleur, qui les recueillait à son bord. Malheureusement, le 15, un autre marin décédait à son tour, ne laissant pour survivants du brick Quixote que le Second, Clément Noel et le matelot Philip Arthur, tous deux originaires de Jersey.

A leur arrivée à Barfleur, ils furent pris en charge et placés à l'hôpital où ils allaient séjourner encore 17 jours avant d'être en état de se rendre à bord d'un vapeur jusqu'au Havre d'où le Consul britannique les fit rapatrier sur Plymouth. Après un nouveau séjour à l'hôpital, ils regagnaient finalement Jersey le 24 Janvier 1831 à bord de la goélette Providence, Capitaine Benest. Les 6 hommes qui périrent furent outre le Capitaine, les marins E. Vibert, P. Lemprière, P. Ahier, J. Bisson et C. Mc Kintosh.

Curieusement, bien qu'ayant été abandonnée, l'épave du brick ne coula pas et fut aperçue une première fois le 19 Décembre par le Capitaine Walker du Susannah avant d'être sauvée trois mois plus tard par des pêcheurs espagnols qui parvenaient à la remorquer jusqu'à Santander. Le navire n'avait bien sûr plus de mâture et ne fut pas reconstruit mais sa cargaison était encore récupérable.

1929

Le vapeur anglais Frances Duncan (2384 t.), Capt. F.Martin, se rendait de Barry à Rouen avec un chargement de charbon quand il rencontra une tempête particulièrement forte. Vers midi, nombre de personnes observant la mer depuis les falaises de Land's End, virent une très grosse vague frapper le navire et le coucher. Il resta dans cette position avec le pont pratiquement perpendiculaire à la surface de la mer et l'avant engagé, pendant environ 30 minutes. Son chargement ayant rippé il ne put retrouver sa position normale. Il coula alors par l'avant sans qu'un seul canot ait pu être mis à l'eau. Sur un équipage de 21 hommes, la plus grande partie se retrouva prisonnier dans la coque et ne put gagner le pont. Le Capt. Martin et 4 hommes purent se sauver, les 16 autres furent noyés. Le vapeur Alice Marie se rendit sur les lieux et arriva à temps pour sauver les cinq rescapés, mais bien qu'il continua longuement à patrouiller la zone du naufrage, il ne retrouva rien du bateau ni de son équipage.

 

 La guerre sur mer

1916    

Le vapeur italien Fede (1987 t.) est coulé à 35 m. dans l’ouest de Bishop Rock vers le point 49.52N 07.19W soit par UB 29 soit par UC 19.

 Le vapeur danois Nexos (1013 t.) se dirige vers Londres avec un chargement de fruits d’Espagne quand il est intercepté puis sabordé par le sous-marin UC 21, Oblt z.S. Reinhold Saltzwedel, à 26 milles O.SO du feu d'Armen.

1940    

Le destroyer HMS Cameron (1215 t.) coule dans le port de Portsmouth suite aux dommages subis au cours d'un raid aérien de la Luftwaffe contre le port.