Mars 1917

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Commencé le 08.05.1906 à l'Arsenal de Brest

Mis à flot le 22.05.1909

En service : 04.1911

Caractéristiques :

Déplacement 18 350 t, 19 760 tpc

Dimensions : 146,6 x 25,8 x 8,5 m

Machine :

24 chaudières Niclausse – Puissance 18 400 cv

 Vitesse 19 nds

Armement :

IV x 305 + XII x 240 + 16 + 2 TLT

Equipage 910 hommes

   Cuirassé DANTON 
 
Citation à l’Ordre de l’Armée.
 Le cuirassé DANTON, commandé par le capitaine de Vaisseau DELAGE, appartenait à la 2ème Escadre de la 1ère Armée navale. Il a été torpillé le 19 mars 1917 sur la côte de Sardaigne.
 Texte de la Citation à l’Ordre de l’Armée
(Journal Officiel du 15 octobre 1919)
 
« Le cuirassé DANTON, atteint de deux torpilles le 19 mars 1917, au large du cap San-Pietro, a chaviré et coulé aux cris de : « Vive la France », engloutissant 296 officiers, officiers-mariniers et matelots ».
 
   Extraits des rapports officiels  :

   1-Rapport sur la perte du Danton     2-Commentaires sur l'équipage du Danton    3-Liste des disparus

 

 

Les derniers instants du cuirassé



Capitaine de Vaisseau Joseph Paul Marcel DELAGE, Commandant le cuirassé Danton      
Né le 31 janvier 1862 à ROCHEFORT (Charente-Maritime) - Décédé le 19 mars 1917 en mer, au Sud de la SARDAIGNE, à 25 milles SW du phare de SAN PIETRO.  
Entre dans la Marine en 1878, Aspirant le 5 octobre 1881. Il embarque sur le "MONTCALM" pour une campagne dans le Pacifique. Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1883; port ROCHEFORT. Aux 1er janvier 1885 et 1886, Second sur l'aviso "VIGILANT", Station locale de la GUYANE (Pierre EMERY, Cdt). En 1887, sur le croiseur "MILAN" en Méditerranée. Lieutenant de vaisseau le 16 novembre 1888. En 1890, Officier breveté Torpilleur. Chevalier de la Légion d'Honneur.En 1893, Commandant un torpilleur de la défense mobile du 4ème arrondissement à ROCHEFORT. Le 1er avril 1896, Commandant le sous-marin "GYMNOTE", Défense mobile du 5ème arrondissement à TOULON; puis le sous-marin "GUSTAVE-ZÉDÉ" en 1897. Le 13 octobre 1898, Commandant le transport "ISÈRE" affecté au Service du littoral. Au 1er janvier 1901, sur le croiseur cuirassé "CHARLES-MARTEL", Escadre d'Extrême-Orient (Jean BAËHME, Cdt). Le 4 décembre 1901, Chef du Secrétariat de la Direction des défenses sous-marines du 4ème arrondissement maritime à ROCHEFORT. Idem au 1er janvier 1903. Capitaine de frégate le 3 mars 1904, second sur le cuirassé "HENRI-IV". En 1907, Commandant la 1ère flottille de sous-marins à TOULON. Officier d'académie. Au 1er janvier 1911, en résidence à PARIS, Membre du Comité technique de la Marine; Membre suppléant de la Commission centrale des machines et du grand outillage; Membre suppléant de la Commission centrale des marchés et Membre de la Commission des naufrages.  Capitaine de vaisseau le 13 février 1911. En 1912, Commandant le croiseur cuirassé "BRUIX" en Méditerranée. Commandant le 1er Régiment de Fusiliers Marins, il se distingue aux combats de l'YSER et de DIXMUDE. Il est blessé le 23 octobre 1914. Croix de Guerre avec citation à l'ordre de l'Armée navale : " Commande le 1er régiment avec beaucoup d'activité et de dévouement. Blessé le 23 octobre, n'a pas quitté son commandement et n'est pas encore guéri.". Commandeur de la Légion d'Honneur. Nommé Commandant du cuirassé "DANTON" en Méditerranée, il quitte TOULON le 18 mars 1917 pour rejoindre l'armée navale à CORFOU. Dans l'après-midi du 19, il disparaît avec son bâtiment torpillé par le sous-marin allemand U64. Nouvelle citation : " Officier d'une rare bravoure ayant déjà fait ses preuves à la brigade des fusiliers-marins. Chef énergique et résolu, est resté sur la passerelle de son navire avec lequel il a disparu. Mort pour la France, comme il avait vécu, en brave.".

Joseph DELAGE

--- Jugement déclaratif de décès rendu à BREST le 16 octobre 1918 et transcrit dans cette commune le 29 novembre suivant.---
Remerciements à Gilles Jogerst pour les informations ci-dessus.

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Le sous-marin U 64, KL Robert Moraht, avait appareillé de Cattaro le 10 mars pour une patrouille en mer Tyrrhénienne et à l'ouest de la Sardaigne. Dès le 12, il avait sabordé le Nina M., un voilier italien. Le 16, le long de la côte italienne, au S de Naples, c'était le vapeur Catania (Ita) qu'une torpille envoyait par le fond. Le lendemain, il manquait un vapeur armé d'une torpille, faisait surface et l'engageait dans un duel au canon sans parvenir à l'arrêter. Ce même jour dans la soirée, au N de la Sicile, il coulait au canon le vapeur Tripoli (Ita). Pour la suite, je laisse la parole à :
 Arno Spindler, Der Handelskrieg mit U-Booten, vol.4 p.170-1
Die Versenkung des französischen Linienschiffs Danton  am 19.3.17
D'après le KTB de l'U 64. (J'ai laissé sous leur forme originale les distances exprimées en hectomètres).
 
   Le 19 mars à midi l’U 64 croisait dans les parages de l’extrémité sud-ouest de la Sardaigne. Il faisait un temps favorable pour une attaque, ciel en partie bleu, air un peu brumeux, vent de  NW  force 4, de belles crêtes d'écume blanche sur une mer d’un bleu profond.  
   A 13.37 h. sur l’avant bâbord, la silhouette d’un navire apparaissait à une distance d’environ 100 Hm. (10000 mètres). Ce navire était  immédiatement reconnu comme étant un grand bâtiment de guerre. Habituellement la visibilité est plus grande en Méditerranée et le plus souvent on voit d’abord les pointes des mâts et on  peut observer longtemps les mouvements de l'adversaire pour affiner sa position sur l'eau. Cette fois, rien de tout celà n'était possible. Le bateau était si près qu’il fallait aussitôt prendre la plongée.
   La première observation après l'immersion montrait que l'adversaire virait de 6 à 8 divisions de compas. On ne supposait pas que le sous-marin avait été découvert ; le changement de route faisait plutôt penser au contraitre à une route en zig-zag systématique. U 64 gardait son cap et tentait de se rapprocher le plus possible. Malgré tout l'adversaire pendant les dix minutes suivantes s’éloignait sensiblement sur l’avant et semblait devoir passer hors de portée.  
   Vers 13.50 h. venait en vue un destroyer qui marchait devant le vaisseau de ligne faisant route en zigzag comme l’escorté sous sa protection.
   A 13.55 h. l'adversaire virait de nouveau vers l’U 64 qui aussitôt effectuait une série de visées en limitant le plus possible les sorties du périscope et s’apprêtait à tirer deux torpilles par les tubes d’étrave. Le tube tribord était chargé avec une 450mm(1) , le tube bâbord avec une 500mm utilisée pour les vapeurs. Immersion des torpilles règlée à 2,5 m. comme pour l’attaque des navires de commerce. Le destroyer se trouvait environ 10 Hm devant le vaisseau de ligne. U 64 se rapprochait jusqu’à 6 Hm sans être vu. Le vaisseau de ligne lui-même se rapprochait également, réduisant ainsi la distance au sous-marin qui devait veiller à ne pas laisser voir le sillage de son périscope.  
   A 14.05 h. lancé à 250 m de distance. Les deux torpilles faisaient but comme visé, à environ 40 m l'une de l'autre, la première approximativement sous la passerelle, la deuxième au centre du navire. A la première observation par le périscope peu après les coups au but, U 64 se trouvait à bâbord et tout près derrière la poupe du bateau torpillé. Celui-ci donnait déjà une forte bande sur bâbord et donnait l’impression qu’il ne flotterait plus longtemps. Malgré tout, le Kplt Moraht se maintenait de nouveau aux abords de celui-ci prêt à décocher encore une torpille si besoin était. Avant que le sous-marin ne soit de nouveau à portée, le bâtiment chavirait sur bâbord, la poupe s'élèvant encore quelques minutes hors de l'eau, présentant son gouvernail haut dans l'air. A 14.55 h. il s’enfonçait par l’avant dans les profondeurs au point 38.49N 08.11E.  
   Le 21 Mars à 1 heure du matin, comme l’U 64 repassait sur les lieux du torpillage, quelques  épaves repêchées permettaient d’identifier le navire torpillé comme étant le cuirassé Danton.
 
 
(1) A bord des U-Boot 14-18 on embarquait des torpilles de calibre 450 et 500mm qui grâce à un adaptateur, pouvaient être lancées indifféremment par l’un ou l’autre des tubes.
 
A noter également la différence d'une heure entre les documents F (GMT) et D (GMT+1). Contrairement à ce que dit le journal Le Miroir, le torpillage a eu lieu le 19 et non le 17.
 
A partir du 23, l'U 64 prenait la route du retour, coulant encore le vapeur armé anglais Eptalofos dont il faisait 8 prisonniers, puis un autre anglais, le vapeur Berberia et pour finir le voilier italien Immacolata. Il rentrait à Cattaro le 27 avec un tonnage coulé de 31165 tonnes.
 

Les rescapés du Danton

   Généralement, on retrouve plus facilement la liste des victimes de ce genre d'évènement que celle des rescapés. Une fois n'est pas coutume, vous pouvez la consulter sur un document pdf en cliquant ici.

 

L'épave du cuirassé

 Retrouvée récemment lors de travaux de pose d'un gazoduc sous-marin, l'épave est pratiquement sur la ligne de sonde de 1000 m. au point lat: 38°45'51'' N long: 08°11'01'' E

Une video de l'épave filmée par une camera sous-marine