Officier de la Kaiserlichemarine puis sous-marinier
Le cursus des Officiers de Marine L’admission des futurs Officiers s’effectuait en temps normal le 1er avril de chaque année et généralement autour de la 18e année du candidat. Jusqu’en 1910 cette première admission s’effectuait à Kiel où durant les six premières semaines le jeune élève effectuait une période essentiellement tournée vers l’apprentissage de la discipline, le matelotage et le maniement d’armes au sein d’un tronc commun avec les futurs sous-officiers et matelots de la Marine et de l’infanterie de Marine (Seebataillon). A partir de 1911, cette incorporation s’effectuait à Mürwik, la nouvelle Ecole Navale de Flensburg au nord de Kiel, école qui d’ailleurs fonctionne toujours aujourd’hui. Passé cette première partie, le jeune élève embarquait alors sur l’un des trois-mâts de l’Ecole (Stein ou Storsch) pour une période de navigation de deux à trois mois en Baltique et Mer du Nord, participant également dans ce cadre aux manifestations nautiques de Kiel. Après cet amarinage, l’élève était alors prêt à effectuer son premier séjour à la mer au cours d’une croisière d’application qui généralement le conduisait vers les Antilles ou la Méditerranée. Au retour de cette croisière l’élève subissait un examen et se voyait promu au rang de Seekadett qui l’autorisait désormais au port de la dague. Puis venait une première période de congé avnt d’embarquer à nouveau sur l’un des différents navires-école. Cette seconde période durait alors deux ans sanctionnée elle aussi par un examen probatoire. Le cursus se poursuivait alors par un cours de spécialisation (artillerie, torpilles…) à bord d’un autre navire rattaché à l’Ecole, généralement d’anciens croiseurs (Freya, Hansa, Hertha…) et ce pour une durée de trois mois. L’ensemble de cette formation initiale durait donc deux ans et demi et s’achevait par la promotion au rang d’Aspirant (Fähnrich). Pour la dernière année, le jeune Aspirant retrouvait l’Ecole et l’enseignement magistral dans les différentes matières nécessaires au futur Officier : navigation, tactique navale et terrestre, histoire, machines, construction navale, artillerie, mines et torpilles sans oublier bien sûr les matières générales comme les mathématiques, physique-chimie, anglais et français (ce qui explique pourquoi nombre d’Officiers de 14-18 avaient une connaissance de cette langue). Enfin, l’enseignement était complèté par une éducation sportive très ouverte à toutes les disciplines. Au terme de cette dernière année, l’Aspirant passait l’examen final (Seeoffizierhauptprüfung) et devenait alors Säbelfähnrich, titre qui l’autorisait désormais à porter le sabre. Une dernière formalité sanctionnait le cursus du jeune Officier et comportait un séjour de six semaines dans un bataillon d’Infanterie de Marine où il mettait en application son aptitude au commandement. A l’issue de ce dernier parcours il était officiellement promu Enseigne de vaisseau de 2e classe (Leutnant zur See) et affecté à une unité. Le parcours complet depuis l’incorporation prenait donc près de 4 ans. Ce parcours type fut quelque peu remis en question pendant la guerre dont on n’avait pas prévu qu’elle durerait plus de quelques mois ( ! ) ce qui occasionna un manque d’Officiers et entraina donc un raccourcissement de la durée de formation mais cette situation n’affecta aucun des hommes qui sont concernés par cet ouvrage, aucun Aspirant du début du conflit n’étant devenu Commandant d’un U-Boot avant la fin.
L’Ecole Navale à Flensburg
Les Officiers de Réserve (Reserve des Seeoffizierkorps) Concernant les Officiers de Marine de la Réserve, on peut dire que la grande majorité d’entre eux provenait du corps des Officiers de la Marine Marchande. Ces officiers rejoignaient l’Ecole Navale avec un décalage de six mois, leur incorporation s’effectuant non pas en avril mais en octobre. Lorsqu’à la déclaration de guerre ces officiers ont été rappelés, ils ont occupé des postes correspondants à leur rang hiérarchique, le plus souvent avec le grade de Leutnant zur See d.R. Certains ont été réactivés durant la guerre dans le corps des Officiers de Marine où ils ont alors connu une carrière comparable à celle de leurs collègues. Par définition, ces officiers de la Réserve n’avaient pas vocation à recevoir le commandement d’un U-Boot. Cependant, face à la pénurie des derniers temps, quelques uns d’entre eux ont reçu un commandement.
Les grades et leur équivalence Tous les grades d’officier de la Marine Impériale ont leur équivalent dans la Marine française.
Le temps moyen nécessaire pour atteindre le grade d’Oberleutnant est généralement de 6 à 7 ans depuis l’entrée dans la Marine, celui de Kapitänleutnant étant atteint en 10 à 12 ans. La grande majorité des commandants d’U-Boot appartient à l’une de ces deux catégories d’Officiers. On trouve aussi quelques Korvetten Kapitän à bord des grands croiseurs sous-marins (U-Kreuzer). De par leur niveau hiérarchique, ces Commandants sont donc bien souvent de jeunes voire très jeunes Officiers. Nombre d’entre eux ont en effet moins de trente ans lors de leur premier commandement. On retrouve également la même jeunesse parmi les commandants de Torpilleurs, pour les mêmes raisons.
La carrière de sous-marinier A l’origine, la désignation pour une affectation sur un sous-marin résultait de l’expression d’un volontariat ; il est peu probable que ce fut toujours le cas à partir de 1917 lorsque les pertes humaines commencèrent à devenir importantes. Le futur sous-marinier après avoir satisfait aux conditions physiques d’aptitude était alors dirigé vers l’Ecole de Navigation sous-marine (U-Bootschule) de Kiel où la durée de la formation variait selon qu’elle correspondait à la formation de base ou à celle plus étendue de ceux qui allaient accéder au commandement.
Après la formation de base, le jeune officier embarquait alors en tant qu’officier de quart (Wachoffizier, WO en abrégé) à bord d’une unité opérationnelle d’abord comme 2 WO puis comme 1 WO, fonction qui est celle de l’Officier en Second. Le temps nécessaire pour accéder à un commandement était très variable, principalement lié aux besoins, ceux-ci pour diverses raisons déjà évoquées se faisant de plus en plus pressants dans les deux dernières années. A l’école de Kiel étaient rattachées en sus des U-Boote d’instruction, bien des unités de surface, essentiellement des torpilleurs et quelques vapeurs qui apportaient leur concours à la formation des équipages. Nombre de futurs commandants ont d’ailleurs débuté dans des postes de commandant de l’un des sous-marins de l’Ecole tandis que d’autres à partir de 1917 étaient embarqués en tant qu’officier surnuméraire en formation pendant une ou deux patrouilles de guerre. De la même façon, les sous-marins neufs sortant d’un chantier étaient, une fois commissionnés, dirigés vers Kiel pour y suivre une période de formation opérationnelle destinée à souder l’équipage et son bâtiment, période au terme de laquelle le sous-marin rejoignait sa flottille d’affectation Comme dans toutes les Marines du monde, les sous-mariniers allemands (U-Bootwaffe) se considéraient comme des marins à part, animés d’un fort esprit de corps. On a notamment observé cet indéfectible esprit de fidélité lors des mutineries qui ont marqué les derniers jours de la guerre sur les unités de surface. Il n’existe aucun U-Boot sur lequel ait flotté le drapeau rouge des comités révolutionnaires. Sans aucun doute les conditions de vie à bord du sous-marin où chacun dépend des autres et où le commandement partage les mêmes rigueurs ne sont pas étrangères à cet état d’esprit.
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