12-16 Mai 1918
La dernière patrouille
de l'UC 35
Torpillage des vapeurs
PAX et TOGO
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Dimanche 28
avril 1918
En ce Dimanche après-midi de printemps, le sous-marin UC 35 commandé
par l’Oberleutnant zur See Hans Paul Korsch a pris la mer depuis sa
base de Cattaro (aujourd’hui Kotor, Montenegro) à destination de la
Méditerranée occidentale. Beau temps, mer belle. Son ordre de
mission prévoit qu’il devra mouiller deux barrages de mines, l’un
devant Cannes, l’autre devant Villefranche sur Mer, à la suite de
quoi son Commandant a toute latitude pour pratiquer la guerre au
commerce allié.
Dans la nuit, le détroit d’Otrante
est franchi sans encombres et le sous-marin met le cap au sud-ouest
pour contourner la Sicile par le sud. De là, il remonte vers la côte
française en longeant successivement la Sardaigne et la Corse.
Le 5 Mai, les mines sont mouillées
comme prévu et le sous-marin se consacre désormais à la chasse au
commerce au large des côtes.
Le 9 au large de St Tropez, le sous-marin envoie par
le fond le vapeur italien Deipara de l’armement génois Bozzo
Fils, un navire de 2282 tonnes qui fait route de Marseille vers son
port d’attache. Huit marins trouvent la mort dans le naufrage.
Puis le sous-marin UC 35 croise le long des côtes sans
rencontrer une seule proie et ce jusqu’au 12 Mai dans les toutes
premières heures de la matinée. Appareillé de
Marseille la veille, un convoi comprenant les vapeurs Castore
(italien, 1016 tonnes), Erissos (grec, 2885 tonnes), Pax
(français, 798 tonnes) Togo (italien, 1484 tonnes) et
Vosbergen (hollandais, 1437 tonnes) fait route vers Salonique
escorté par les patrouilleurs auxilliaires Ailly, Louise
Marguerite et Serpolet. Le convoi a été repéré en début
de nuit par le sous-marin qui l’a pris en chasse. La mer est belle
sous un ciel couvert et l’horizon légèrement embrumé.
Silencieusement, UC 35 manœuvre pour se placer en position de tir ;
le premier navire qui va passer à portée sera la cible de sa
torpille. C’est le vapeur Pax.
A 1h35
(0h35 heure allemande), tir d’une torpille.
Coup au but ! |
Dans le
convoi il y a un moment de panique ; les vapeurs quittent la
formation dans un mouvement de sauve qui peut général tandis que les
patrouilleurs se lancent dans la direction approximative du
sous-marin qui échappe facilement à ses poursuivants en plongeant.
Deux
heures ont passé. UC 35 qui a fait surface un peu après repère un
cargo qui s’enfuit vers la côte pensant se mettre à l’abri. Il le
prend en chasse et ce d’autant plus facilement que le vapeur est
éclairé par le feu du cap Camarat à chaque fois que le pinceau
lumineux passe dessus.
Il lui faut près de
deux heures pour se mettre en position de lancer une nouvelle
torpille. La cible qui est le vapeur italien Togo navigue à
présent tout près de la côte.
A 3h30, la torpille
quitte son tube et fait but quelques dizaines de secondes plus tard
contre la coque du cargo qui s’enfonce rapidement. UC 35 remet alors
le cap vers le large sans retrouver le convoi. Il ne rencontrera
plus aucun autre navire ce jour là. La journée du 13 et celle du 14
n’apportent rien non plus.
Le 15 enfin, un
petit vapeur qui fait route isolément apparaît à l’horizon.
Il s’agit de l’espagnol Villa de Soller en route de Barcelone
sur Gènes. Le sous-marin met le cap sur lui, tire un coup de canon
pour le faire stopper et envoie le signal d’abandonner le navire.
L’équipage s’exécute mais en quittant son bord, le Capitaine
espagnol Pedro fait une chute et se blesse gravement. Lorsque l’UC
35 s’approche de l’embarcation, il constate l’état sérieux du blessé
qui a besoin de soins urgents. On a beau être en guerre, la
solidarité des gens de mer n’est pas un vain mot alors le Commandant
Korsch décide de le prendre à son bord afin qu’il puisse être soigné
et il demande à un marin espagnol de venir également pour prendre
soin de son Capitaine. Le matelot Redondo se porte volontaire et
embarque à son tour dans le sous-marin. Cette opération achevée, le
petit vapeur est coulé puis UC 35 prend la route du retour vers sa
base de Cattaro, cap au sud.
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Une
video sur l'épave du Togo |
Le 16 vers
7h30 du matin, alors qu’il croise à quelques dizaines de milles au
large de la côte occidentale de Sardaigne, les veilleurs de l’UC 35
aperçoivent un groupe de voiliers de pêche.
Ordre
est donné de les attaquer et bientôt le canon de 88mm ouvre le feu.
Mais cette canonnade a été entendue par le patrouilleur Ailly,
celui-là même qui quelques jours plus tôt escortait le Pax quand il
fut coulé. Forçant l’allure, le patrouilleur arrive bientôt à portée
d’artillerie et courageusement, ouvre le feu sur le sous-marin qui
riposte.
Après quelques coups de règlage, la bonne hausse est
trouvée et l’obus suivant malgré la distance, touche l’UC 35 à la
base du kiosque à l’emplacement même où les canonniers entreposent
leurs obus durant les tirs.
L’explosion est
très violente et les dégats provoqués considérables : le kiosque est
éventré et les circuits d’air à haute pression qui se trouvent là
sont déchiquetés.
Les derniers
instants du sous-marins sont peu clairs, les témoignages des
survivants diffèrent sur ce point.
Il est
impossible donc de confirmer si Korsch a donné l’ordre de plonger ou
non. Toujours est-il que quelques instants plus tard, le sous-marin
s’enfonce d’un coup et coule comme une pierre, projetant à la mer
canonniers et veilleurs. Lorsque le remous de la disparition cesse,
ils ne sont plus que 5 surnageant en surface accompagnés du matelot
espagnol Redondo dont on ne sait pas par quel miracle il est parvenu
à évacuer le bateau juste avant qu’il ne coule. Parmi eux, le
mécanicien Sucker, gravement touché est soutenu par ses camarades.
Le malheureux Capitaine espagnol Pedro que Korsch avait voulu
protéger en le prenant à son bord disparaît avec le sous-marin,
victime de la sollicitude de son adversaire.
L’Ailly
fait route rapidement sur les naufragés et les repêche puis met le
cap sur Toulon.
A l’exception du
matelot espagnol, ils sont désormais prisonniers de guerre. Sucker
dont l’état est particulièrement grave sera acheminé vers un hôpital
de Marseille puis une fois rétabli, transféré en Angleterre dans un
camp de prisonniers ; c’est là qu’il décèdera le 5 Novembre 1918,
quelques jours avant la fin de la guerre.
Le sous-marin UC 35
quant à lui repose au fond de la mer vers le point 39°48’N, 7°42’E
par plus de 1000 mètres de profondeur avec dans ses flancs le
Commandant Korsch et 24 de ses hommes désormais en patrouille
éternelle.
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Documents divers
Louise-Marguerite – Journal
de navigation n° - /1918 – 23 mars / 14 mai 1918 : S.G.A. « Mémoire
des hommes »,
Cote SS Y
333, p. num. 230 à 232 (Extraits de la colonne « Observations »)
Journée du 11 mai 1918
12 h 30 – Appareillé de Marseille
pour Villefranche avec un convoi formé du vapeur Pax (F),
Erissos (G), Togo (I), Vosbergen (...), Castore,
escorté de la Louise-Marguerite, Ailly et Serpollet.
13 h 05 – Franchi les barrages.
13 h 10 – Stoppé pour attendre la
formation du convoi.
13 h 10 – Jeanne-d’Arc à Louise-Marguerite : « Connaissez-vous le
nom du vapeur français ? »
Réponse : « Pax. »
13 h 35 – Remise en route avec
convoi.
13 h 40 – Suivi le chenal de
sécurité.
14 h 30 – Route au Sud 40 E.
17 h 50 – Louise-Marguerite au
convoi : « T. V. G. Conservez la formation. »
19 h 40 – Par le travers de Sicié.
21 h 45 – Travers du Cap d’Armes.
24 h 00 – Vitesse moyenne de 20 h à
24 h (85 tours).
Journée du 12 mai 1918
0 h 05 – Par le travers de Titan.
1 h 35 – Le vapeur français Pax est
torpillé à 300 m à bâbord avant. Mis nos embarcations à l’eau pour
ramasser les survivants. Recueilli 15 hommes.
2 h 05 – Remis en marche. Avons
croisé sur les lieux. Repris l’escorte.
5 h 00 – Louise-Marguerite au
[Torpilleur] 360 : « Il manque le vapeur italien Togo. Trois mâts,
une cheminée. Je pense qu’il a dû se
réfugier sous (sic) terre. »
5 h 10 –
Torpilleur 360 à Louise-Marguerite : « Le Pax est-il coulé ? »
Réponse : « Il a coulé. J’ai des survivants à bord. »
5 h 15 – Torpilleur 360 à
Louise-Marguerite : « J’ai vu un sillage suspect ce matin à la
Garoupe. »
5 h 15 – Torpilleur 360 à
Louise-Marguerite : « J’estime pour le moment utile de protéger la
tête de votre convoi. »
6 h 20 – Louise-Marguerite répond :
« Faites des zigzags sur l’avant de la route. »
6 h 30 – Louise-Marguerite à Ailly :
« Répétez les signaux ; placez-vous à bâbord par le travers. Quand
le
convoi sera chenal de sécurité à Villefranche, allez
à la recherche du Togo qui doit avoir fait la route entière et
ramenez-le à Villefranche.
Transmettez cet ordre au Serpollet. »
9 h 10 – Louise-Marguerite à Ailly :
« Avant de partir rechercher Togo, informez-vous près arraisonneur,
si ce bâtiment n’est pas entré à Villefranche. »
9 h 20 – Franchi les passes de
Villefranche.
9 h 25 – Mouillé sur rade de
Villefranche.
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Rapport du Lieutenant Bessil, Officier
de Quart
Je soussigné BESSIL,
Marius, Capitaine au cabotage, 2d maître de manoeuvre temporaire,
embarqué en qualité de Lieutenant sur le vapeur PAX de la Cie. des
Affréteurs Réunis, affrété par le Transit Militaire Maritime, armés
à Marseille sous le n°983, certifie ce qui suit :
Le 12 mai 1918, à 0
heure (Europe Occidentale Eté) avoir pris le quart faisant route au
N72E du monde, dans les environs Sud-Est du feu de Titan (Iles du
Levant). A 1h20 ordre est donné par le Capitaine de venir sur la
gauche au N38E du monde ; route qui nous fait passer par des fonds
supérieurs à 200 mètres ainsi qu'il est prescrit par les
instructions.
Le ciel est couvert,
la mer belle, une légère brise de Sud-Est règne, l'horizon est
embrumé, le convoi est à peine visible sauf un bateau Italien qui se
trouve entre la terre et nous ; ce dernier éclairé par le feu de
Camarat se distingue très bien et chaque fois que le faisceau
lumineux passe vers nous, il semble que nous sommes éclairés par un
projecteur électrique.
A 1h55, je me trouve
sur la passerelle Babord et entend distinctement deux sons brefs
paraissant venir de Tribord avant. Après avoir passé à Tribord pour
m'assurer et ne voyant rien, j'ordonne au timonier de venir sur la
gauche et pour plus de sûreté instantanément je préviens le
Capitaine qui sommeillait sur son canapé dans sa chambre située sur
l'arrière de la chambre de veille.
Aussitôt rendu à
Tribord le Capitaine ayant reconnu une torpille et après l'avoir
prononcé à haute voix, commande aussitôt "Babord toute",
commandement exécuté à la lettre, mais quelques secondes s'écoulent
à peine, un choc formidable se produit à Tribord avant et à quelques
mètres sur l'AR de la hauteur du mât de misaine.
Renversé par le
choc, aveuglé et noyé par la trombe d'eau, je m'efforce de gagner la
chambre de veille pour donner la position approchée au
Radiotélégraphiste, mais je ne trouve pas de lumière. Ressortant
aussitôt j'entends le Capitaine qui donne l'ordre d'évacuer le
navire ; à ce moment je me trouve sur le pont supérieur où je vais
essayer aidé de quelques hommes, d'amener une embarcation.
Cependant le navire
s'enfonce rapidement, quelques voix réclament des bouées de
sauvetage, ce que je m'empresse de faire (il y en avait une
quinzaine en suspens sur la passerelle). A partir de cet instant,
j'ai donné une bouée de sauvetage au soutier sénégalais qui se
trouvait auprès de moi et n'ai pas eu le temps de m'en capeler une
que je me suis senti englouti avec le navire, entraîné par le
remous.
Après quelques
secondes d'angoisse et un effort surhumain, je parvins, à bout de
souffle, à émerger et me cramponner sur les débris du radeau AV qui
avait dû se briser lors de la chute du mât de misaine. Reposé
quelques instants et voyant qu'un radeau intact chargé de plusieurs
hommes se trouvait à une trentaine de mètres, j'abandonnais l'épave
sur laquelle je me trouvais et me rendis sur ce radeau, épuisé de
fatigue.
Quelques minutes
plus tard nous fûmes receuillis à bord du chalutier "LOUISE
MARGUERITE" où les premiers soins nous furent donnés ; il était
alors deux heures.
La veille était
assurée comme suit ; deux hommes sur la passerelle : un à babord,
l'autre à tribord ; un canonnier sur le gaillard AV, l'autre sur
l'AR, au canon, et l'Officier de quart.
Sur
trente hommes composant l'équipage, quinze ont pu être receuillis
sur le chalutier "LOUISE MARGUERITE".
Au moment du
tropillage, le chalutier qui nous a secourus se trouvait à environ
300 mètres et à deux ou trois quarts sur Tribord AR ; le navire
Italien se trouvant à notre gauche était un peu sur l'AR babord à
nous.
Du moment du choc au
moment où le navire à complètement disparu, il s'est écoulé un
maximum de deux minutes, ce qui explique que l'équipage surpris dans
son sommeil n'a pas eu le temps matériel de faire le sauvetage.
Arrivé à
Villefranche à 8h30 du matin où nous avons débarqué deux hommes des
survivants qui ont été dirigés immédiatement sur l'hopital, ces
hommes étant blessés assez grièvement.
Fait à
Villefranche, le 12 mai 1918.
Le
Lieutentant Officier de quart,
Signé
Bessil |
Equipage du vapeur PAX
Sur 30 hommes à bord, 15 disparurent et
3 furent blessés.
Disparus
Louis AUFFRET, capitaine, matricule 555
à Paimpol,
Etienne RIBOUREL, chef mécanicien,
matricule 1208 à Alger,
Armand MORGAT, matelot, matricule 3452
au Croisic,
Guillaume LE BOURHIS, matelot, matricule
2675 à Morlaix,
Edouard LE CAR, chauffeur, matricule
5090 à Concarneau,
Emile ORHAN, chauffeur, matricule 2655 à
Binic,
Antoine RAYMOND, chauffeur, matricule
1784 à Marseille,
Kounda DIO, sujet indigène,
Yves BODEUR, novice, matricule 23014 à
Paimpol,
Ylisse TELLIER, mousse, matricule 28425
à Marseille,
Albert LARGER, radio TSF,
Pierre GARRAT, AMBC, matriucle
64.965-5,
Marius CHEVALLET, AMBC, matricule
65.998-5,
Emile REYBAUD, AMBC, matricule 1435 au
5è dépôt,
Arsène THOREL, AMBC, matricule 971 à
Honfleur,
Rescapés
Alcide FRESLON, 2d capitaine, matricule
255 à Cancale
Marius BESSIL, lieutenant, matricule 45
à Cette
Prosper ROBERT, 2d mécanicien, matricule
49.394-5 au 5è dépôt
Georges LOIRET, 3è mécanicien, matricule
2315 à St Nazaire
Toussaint BURLOT, maître d'équipage,
matricule 2243 à Binic
Gaetan STRINA, matelot, matricule 2220 à
Cette
Pierre BLOCH, matelot, matricule 2697 à
Audierne
Joseph SAUVAN, matelot, matricule
59.603-5 au 5è dépôt, blessé
Eugène LE DORIOL, matelot, matricule
8725
Yves EVEN, 1er chauffeur, matricule 2621
à Treguier, blessé
Koné CIRE, sujet indigène, matricule
1607 à Dakar
Joseph VAILINO, cuisinier, matricule
05487 à Marseille, blessé
Marius ANDRE, QM canonnier, matricule
53.660 au 5è dépôt
Joseph-A FRIOUS, matelot canonnier,
matricule 1033 à Noirmoutier
Pierre THEODEN, matelot canonnier,
matricule 109.5032
Marins de l’Etat
appartenant à l’AMBC (Armement Militaire des Bâtiments de Commerce)
disparus avec le cargo Pax.
― CHEVALLET Marius Etienne Joseph,
né le 3 janvier 1898 au Pin (Isère) et domicilié à Saint-Andr...
(Isère), mort le 12 mai 1918 « à bord du vapeur Pax, disparu en mer
», Matelot de 2e classe canonnier,
A.M.B.C. de Marseille, Matricule n° 65.998–5 (Jug. Trib. Marseille,
29 janv. 1919, transcrit à Marseille, le 1er
mars 1919).
― GARAT Pierre, né le 12 décembre 1897 à Saint-Martin-de-Hinx
(Landes) et y domicilié, mort le 12 mai
1918 « à bord du vapeur Pax, disparu avec son bâtiment », Matelot de
3e classe sans spécialité, A.M.B.C. de
Marseille, Matricule n° 64.965–5 (– d° –).
― LARGER Albert Joseph, né le 15 décembre 1897 à Auchan (Tonkin)
et domicilié à Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône), mort le 12 mai 1918 « à bord du vapeur Pax,
disparu avec son bâtiment », Apprenti-
marin radiotélégraphiste, A.M.B.C. de Marseille, Matricule n°
71.869–5
― REYBAUD Émile Clément, né le 12 septembre 1900 à Pertuis
(Vaucluse) et y domicilié, mort le 12 mai
1918 « à bord du chalutier Pax, disparu en mer », Matelot de 3e
classe sans spécialité, A.M.B.C. de Marseille,
Matricule n° 1.436–5 G. (Jug. Trib. Marseille, 14 déc. 1918,
transcrit à Marseille, le 13 janv. 1919).
― THOREL Arsène Julien, né le 1er août 1898 à Villerville
(Calvados) et domicilié à Honfleur (Calvados),
mort le 12 mai 1918 « à la mer, disparu dans le torpillage du s/s
Pax », Matelot de 3e classe canonnier,
A.M.B.C. de Toulon, Matricule n° 971 – Honfleur (Jug. Trib.
Marseille, 29 janv. 1919, transcrit à Marseille, le
1er mars 1919)
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Le chalutier armé
AILLY
Chalutier construit en 1907 par les chantiers, J. Duthie, Torry S/B.
C° à Aberdeen.
204 grt, 34,90 x 6,60 x 3,64 m, machine à triple expansion 430 cv,
11 noeuds.
1907 : En service à Aberdeen sous le nom de Riverdale (A.129)
1914
: Racheté par Bourdin & Denis Dieppe, renommé “AILLY”.
Réquisitioné du 03/02/1915 au 28/03/1919.
En 1930, appartient à la Nouvelle Société Dieppoise de Chalutiers.
Réquisitionné en 1939-1940. Perdu comme dragueur auxiliaire à La
Rochelle en janvier 1943.
Le
combat de l’Ailly contre UC 35, récit du P. Mtre Le Roux son
Commandant.
" Appareillé de
Carloforte (côte S.-O.
de Sardaigne) le 15 mai 1918, à 4 heures du soir, avec les voiliers
Gloria et Roi-René à la remorque. Calme plat. Le
lendemain 16, à 6 heures du matin, le premier maître Caron, de quart
sur la passerelle, aperçoit par tribord devant, à l'horizon, un
point qui grossit à vue d'oeil. Ca ressemble à un grand voilier,
mais il se méfie, croyant voir un peu de fumée. Il me fait prévenir.
Au moment où je monte, j'entends rappeler aux postes de combat, et,
en même temps, un coup de canon. L'obus tombe à bâbord de nous,
assez près. C'était un sous-marin maquillé. Coupé la remorque, et
ouvert le feu à 8.000 mètres, en manoeuvrant de façon à préserver
l'avant. Le premier coup me paraît long. Je dis : - 7.000 mètres ! -
Le but est couvert. Très bon feu continu. Le sous-marin ne cesse pas
de nous présenter son travers. Belle cible, car il est grand.
Aux
trois premiers coups du sous-marin, nous sommes encadrés. Venu
brusquement de trois quarts sur la gauche pour dérouter son tir ; il
envoie encore trois coups, puis vire de bord et me représente son
travers de l'autre bord. A ce moment, j'aperçois une grosse fumée
sortant de son travers. Il ne tire plus, il pique de l'avant. A
peine trente seconde après, il se redresse verticalement, les
hélices en l'air, et disparaît. Sa position était : latitude 39° 50
N., longitude 7° 42 E. Il est 6 h. 25, le feu a été ouvert à 6 h.
17. Nous avons tiré trente-deux coups, le dernier à 5.000 mètres, la
pièce de 47 arrière n'a jamais été dans le champ de tir
Nous
continuons la route sur l'endroit où l'ennemi a disparu, prêts à
lancer des grenades, quand la vigie me signale des hommes sur l'eau.
L'un d'eux passe le long du bord, et est ramassé au moyen d'une
couronne de sauvetage sur laquelle est frappé un bout. Il nous dit
qu'il est marin espagnol, et que le sous-marin est coulé. Près du
remous se trouvent une quinzaine d'hommes ; je ne lance plus de
grenades, sachant que le sous-marin a sombré. Armé le youyou, qui
ramasse deux hommes. Je manoeuvre pour les autres, et nous en
ramassons cinq, les autres ayant coulé.
Aussitôt à bord, ils sont mis à nu et fouillés par le premier
maître Caron. Un est grièvement blessé par des éclats d'obus, le
deuxième mécanicien le panse. Je reste sur les lieux encore une
demi-heure, et ne trouvant plus rien, je fais route sur les
voiliers. J'accoste Gloria et j'y dépose le blessé et le
marin espagnol, faute de place à mon bord.
Les prisonniers
questionnés me disent que le sous-marin est l'UC-35.
J'ai
envoyé un S.O.S. au début du combat, n'étant qu'à 45 milles de
Carloforte, et croyant que les deux vedettes rapides qui s'y
trouvent seraient venues à notre rencontre. Commandant, en cette
belle circonstance, j'ai l'honneur de vous signaler la brillante
conduite de mon merveilleux équipage, qui, presque tous, sont sous
mes ordres depuis deux ans et demi. Cet équipage a toujours été un
modèle de conduite et d'entrain. Quel plaisir que de commander de
tels hommes ! Ils sont titulaires de cinq témoignages de
satisfaction depuis que je suis à bord."
in " Quatre années de guerre sous-marine ", Commandant Emile
VEDEL - Plon-Nourrit, Paris, 1919 |
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UC 35
Sous-marin mouilleur de mines
Type UC II sous-type C34-39
Construit au Chantier Blohm & Voss, Hambourg
Lancé le 6 Mai 1916
-
Entré en service le 2 Oct 1916 |
Caractéristiques
Dimensions :
Longueur : 49.4m.
Largeur : 5.2m
Creux : 3,7 m.
Propulsion :
Diesel : 2 x 250 CV.
Electrique : 2 x 230
CV.
Carburant : 41 + 15
tonnes.
Déplacement, Vitesse, Autonomie
(milles/nœuds)
Surface 417 tonnes, 11,6 nds, 9430 / 7
Plongée 493
tonnes, 7,0 nds, 55 / 4 |
Armement :
Canon : 1x 88 mm.
TLT Avant : 2
TLT Arr. : 1
Torpilles : 7 x 500
mm.
Mines : 18 Type UC200
Equipage : 3
officiers, 23 marins.
Commandants
successifs :
2 Oct 1916 - 13 Jun
1917 Kaptlt Ernst von Voigt
14 Jun 1917 - 16 Mai
1918 Oblt z.S. Hans Paul Korsch
Affectation :
Du
25 Dec 1916 au 16 Mai 1918 Mittelmeer II Flotille |
Oblt
z.S. Hans Paul KORSCH
Crew 4/09
5.4.1909 Entrée
dans la Marine Impériale comme Elève Officier
1914 – 4.15 Leutnant zur
See à bord du cuirassé SMS Pommern
2.5.1915 Promu au
grade d’Oberleutnant zur See
5.15 – 11.15 Ecole
de navigation sous-marine.
Une patrouille sur le sous-marin U 21
11.15 – 3.17 Officier de
quart sur le sous-marin U 39 Flottille de la
Méditerranée
4.1917 Cours de
commandant
6.17 – 5.18 Commandant
du sous-marin UC 35, 2e Flottille de la Méditerranée
16.5.1918 Décédé
lors de la perte de son bâtiment
Palmarès personnel :
21 navires coulés pour un total de 41.850 tonnes
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Les victimes de l'UC
35
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A l'ouest de la
Sardaigne, le lieu où a disparu UC 35
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Sources : SHD
Vincennes, Fonds SS G et Der Handelskrieg mit
U-Booten,
vol.5 p.185, Konter Admiral Arno Spindler, Verlag E.S. Mittler & Sohn,
Frankfurt, 1966 |