Le sous-marin HMS Affray appartenait à la classe A, une
extrapolation de la classe T avec pour l'essentiel une amélioration des
performances en matière de rayon d'action et un armement renforcé, ces
unités ayant été à l'origine essentiellement conçues pour opérer dans le
Pacifique. La guerre ayant pris fin, sur les 46 unités prévues, 30 mises en
chantier furent annulées.
A son entrée en service, HMS
Affray était affecté au 3rd Submarine Squadron (HMS Monclare)
à Rothesay en attente d'un transfert vers les forces du Pacifique. Le
11.3.1949, il était alors placé en réserve dans le 5 Submarine Squadron
Reserve mais demeurait cependant en service jusqu'au 2.8 date à laquelle il
entrait en refonte et était équipé d'un nouveau schnorchel commandé depuis
le poste central. Au terme de cette refonte, il rejoignait alors la
Méditerranée en Novembre et participait à plusieurs missions lointaines qui
le conduisaient en escale à
Durban, Cochin, Yokohama,
Tanger, Singapour et Bergen.. Déjà à cette époque,
l'Affray avait la réputation de prendre l'eau comme une passoire et
ses diesels étaient une source d'ennuis constants.
En Janvier 1951, il était affecté dans la réserve de groupe G d'où on le
sortait le 17 mars de la même année pour luif aire reprendre du service sous
le commandement du Lt de vaisseau John Blackburn qui recevait pour mission
de rendre apte au service le bateau et son nouvel équipage. Début avril on
découvrait une fuite importante de carburant dans le compartiment batteries
n°1 et il fallait passer en cale sèche mais à l'étonnement de beaucoup, on
se contentait alors de remplacer les 112 éléments sans chercher à savoir
d'où avait pu provenir cette fuite car selon l'Etat-Major, le sous-marin
"devait être prêt à prendre la mer dès le lundi suivant" (le 16). L'ordre
fut respecté et dès le 10, HMS Affray était en cours d'armement à sa
base logistique HMS Dolphin.
La premiere et dernière
mission du nouvel Affray
Le
sous-marin appareilla comme prévu le lundi 16 Avril 1951 à 16h15 de
Portsmouth pour effectuer des exercices d'attaque et des manoeuvres en plongée entre Portsmouth et
Falmouth où il devait arriver dans l'après-midi du 19. A son bord avait pris
place outre un équipage de 5 officiers et 46 hommes, un groupe de 20
officiers stagiaires sous-mariniers et 4 Marines qui devaient procéder à un
exercice de débarquement de nuit. A 21h15, il avait plongé à environ 30
milles dans le sud de l'île de Wight, précisément au point 50.10N 01.45W
et devait refaire surface conformément à ses ordres de manoeuvre, entre
09h00 et 10h00 le 17 pour signaler sa position et reprendre ensuite sa route
en plongée. Cette position était estimée à une vingtaine de milles dans le
SE de Start Point toutefois une grande liberté de manoeuvre était accordée
au Commandant pour organiser son programme d'exercices. A 13 heures le 17, en l'absence de tout signal de l'Affray,
l'alerte était donnée et des recherches intensives entreprises pour tenter
de localiser le sous-marin mais sans succès. Une large tache d'huile fut
signalée dans la soirée par un cargo allemand à 15 milles au Nord de l'île
d'Aurigny, soit bien en dehors de la route prévue de l'Affray.
Dans l'après-midi
du 18, le sous-marin HMS Ambush signala avoir capté un message par
ultra-sons dont les lettres signifiaient "Nous sommes coincés sur le fond"
sans pouvoir localiser l'émission. Dans la soirée du 19, les recherches
furent abandonnées car il était alors manifestement trop tard pour espérer
pouvoir sauver qui que ce soit.
Ce n'est que
le 14 Juin, après deux mois de difficiles recherches que l'épave fut enfin
localisée sur le versant nord de la Fosse Centrale de la Manche au point
49°50, 083N 02°34, 453W (euro50), soit environ 16 milles dans le WNW
d'Aurigny par une profondeur de 88 mètres. L'examen de l'épave
montra que la catastrophe était vraisemblablement due à une rupture du
schnorchel, appareil qui permettait au sous-marin de recharger ses batteries
et de ventiler tout en gardant l'immersion périscopique, sans doute par
suite d'une faiblesse ou d'une crique dans le métal. Le 14 Novembre,
l'Amirauté annonçait dans un communiqué final qu'aucune tentative ne serait
faite pour relever le submersible.
La raison
exacte de la catastrophe ne sera jamais connue car même si l'hypothèse la
plus vraisemblable de la rupture du tube du schnorchel provoquant une
irruption massive d'eau à l'intérieur du sous-marin reste privilégiée, on ne peut pas non plus
écarter celle d'une explosion dans le compartiment batteries, le mât de
schnorchel s'étant alors rompu lors de l'impact avec le fond. Toutefois
l'hypothèse un temps avancée de la rupture du schnorchel à la suite d'ue
collision a été définitivement exclue. Des plongées effectuées à la fin de
années 90 par Innes Mc Cartney, un plongeur bien connu ont confirmé qu'il
n'existait aucune trace de collision. On peut cependant affirmer en raison
de la configuration observée sur l'épave, périscope sorti ainsi que l'aérien
du radar, que le sous-marin était à l'immersion périscopique lors de
l'accident. Les barres de plongée étant en position "à monter", elles
indiquent que l'équipage a vainement tenté de ramener son bâtiment en
surface.
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